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Des hauteurs célestes à l'enracinement terrien

Par Amaury Piedfer

La cathédrale Saint-Julien du Mans, en territoire cénoman (Sarthe), offre sans doute l'exemple le plus extraordinaire de continuité dans la sacralité d'un lieu.

Entre deux contreforts, se dresse en effet les vestiges d'un ancien menhir, grande stèle solidement arrimée dans le sol gaulois, expression du sentiment de la sacralité du monde des peuples du Néolithique européen. C'est à cet emplacement même que l'une des nombreuses cathédrales gothiques de France fut édifiée, bâtiment lui aussi ancré dans ce sol de nos ancêtres et élancé vers le ciel. Poli par les éléments primordiaux que sont l'air et l'eau, ceux-là même qui constituent le monde, avec la terre et le feu, usé par les dévotions des fidèles, sans doute depuis bien avant le christianisme, le menhir témoigne du temps où le monde divin se révélait aux hommes par le biais de la matière sensible. Il montre aussi que le sens du divin européen fut préparé, des millénaires à l'avance, par une relation au monde qui ne s'est jamais éteinte et qui coexista avec les spéculations théoriques des théologiens du christianisme. Des spéculations qui n'eurent de prise sur nos esprits que parce que nous avions élaboré une pensée sacrée qui rendait possible la réception du message chrétien.

Incroyable témoin de la continuité de notre civilisation, le menhir-cathédrale du Mans nous invite à réfléchir sur le sens que nous voulons donner à notre enracinement communautaire.



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