Durant le règne des talibans, Yasmina Khadra nous peint ici la vie de plusieurs personnes : Atiq Shawquat, un ancien combattant devenu geôlier, et son épouse Mussarat, atteinte d’une maladie incurable. Mohsen et Zunaira, couple bourgeois, éduqué et libéral, qui s’accroche à l’amour comme pour échapper à la folie et donner un sens à leur existence.
Chacun essaie de vivre péniblement les jours qui passent dans ce monde où « personne ne croit au miracle des pluies, aux féeries du printemps, encore moins aux aurores d’un lendemain clément », où « les hommes sont devenus fous » et « ont tourné le dos au jour pour faire face à la nuit ».
La révolte nous envahit alors au fil des pages, nous, peuple préservé de ces affronts quotidiens et de ce semblant de vie. Comment peut-on se prétendre des hommes de Dieu et faire autant souffrir sa création ? Sans être féministe, comment peut-on considérer la femme, celle qui met au monde les futures générations, comme un être abjecte et sans vie légitime ?
Malgré toute cette révolte qui peut submerger nos âmes, on se rend compte que toute cette haine ne parvient pas à tuer l’humain et l’amour chez les personnes « éclairées ». Il était le dernier fil qui me retenait à la lueur. J’ai voulu souffler dessus pour en faire une torche et je l’ai éteint. (Citation de mémoire).
Nathalie Château-Artaud