Les avis sont très partagés et certains billets très sévères. C'est chez Karine, que j'ai eu envie de lire ce livre, piquée par la curiosité.
Mystérieusement, quelques jours après avoir lu ce billet, Suzanne Leonick me proposait de le recevoir gracieusement...(merci au passage:)
J'ai accepté et quelques jours plus tard je le recevais dans ma boite aux lettres.
C'est donc par une journée sombre, très sombre, d'un mois de novembre sombre, très sombre, que je me suis installée dans une pièce sombre, très sombre, près d'une fenêtre sombre, très sombre, donnant sur une cour sombre très sombre, dans un fauteuil moelleux très moelleux, éclairé d'une liseuse pâle, très pale, pour lire ce livre qui allait s'avérer être tout à fait au diapason de ce jour entre chien et loup.
Je suis tombée sous le charme de ce livre très court qui nous emmène doucement dans un voyage au pays de Psyché.
On y entre sur la pointe des pieds, sans vouloir déranger les fantômes, les rêves et les personnages de contes qui s'y rencontrent.
On se prend à vouloir les écouter tisser leurs dialogues de sourds pensant qu'ils vont nous éclairer sur quelques mystères qui font et défont nos vies et nourrissent nos âmes...
J'ai aimé suivre l'héroïne dans sa quête : traversant la forêt aux loups, s'arrêtant à la clairière près du puits où l'on rencontre les fées, hésitant à se servir de la clé ouvrant la chambre interdite, questionnant le miroir qui reste désespérément muet, se piquant le doigt à la manière de la Belle au Bois Dormant ou à celle de la mère de Blanche Neige ?
Comme Sylire, je n'ai eu aucun mal à me glisser dans cet univers de rêves, de contes, de fantastique et de fantaisie.
Le chemin que l'auteur nous fait parcourir
" Chaque histoire déposée dans ma chambre était une étape de ce voyage intérieur, chaque livre un caillou blanc semé dans la forêt de l’oubli. Il ne fallait pas chercher à remonter le temps, c’était inutile, mais il fallait avancer, jour après jour, conte après conte. "
est celui de la difficile reconstruction de l'être après le deuil, les deuils.
Deuil des êtres disparus, de ceux qu'on a perdu, ou de ceux qui nous ont abandonné.
Deuil des parts de nous-mêmes englouties dans ces absences.
Deuil de l'enfant que nous n'aurons pas.
Deuil de l'enfant que l'on n'est plus.
J'ai envie de dire comme lily : "j'entendrais encore longtemps le chant de cet enfant quelque part perdu dans la maison. L’enfant qui n’a jamais été, Le petit oiseau blanc de J.M. Barrie, en tout cas il lui ressemble, comme un frère..."
"L’inconnu chantait à travers moi.
Il était une fois celui qui n’est pas.
Dans l’air bleuté,
Éloigné d’un baiser, fracturé du temps,
Flottant entre deux mondes,
Je suis la ritournelle qui retourne au néant.
Celui qui n’est pas. Je suis l’enfant."
On peut trouver cette image sur le site de l'auteur, elle compose et met en scène les ingrédients qui nourrissent le livre, et d'une certaine manière, elle en parle assez bien.
Mais étrangement, ce sont moins des images que des sons qui me restent de la lecture de ce texte.
J'y ai entendu une petite musique inimitable presqu' envoutante.
Les mots de Nathalie Rheims ont réussi à me faire entendre un peu du pas furtif des fantômes de tous ordres, de leurs voix multiples et singulières.
"Tout, dans la pièce, se déform
ait, se tordait, agité par une force invisible. Je crus entendre un murmure, une voix étouffée qui chuchotait des mots dont je ne comprenais pas le sens. Ce qui était inerte prenait corps, mais un corps inconnu..J'avais la certitude que quelqu'un était là, et qu'il me cherchait. Cette présence fantomatique aurait pu être terrifiante. Pourtant, je n'avais pas peur. Ce n'était pas un fantôme qui venait me hanter. Il n'avait pas l'épaisseur d'une vie. C'était autre chose, une absence plutôt qu'une présence, une réalité irréelle, comme un être qui n'aurait pas été."Nathalie Rheims a la délicatesse et le talent de faire de cet abîme de pertes, de ce gouffre de chagrin, un chemin pas si dangereux que ça, balisé de petits photophores scintillants qui guident ses mots pour avancer, toujours, parce qu'il faut bien vivre...
Ce livre m'a touchée. Il nous fait sentir un peu de la caresse furtive des fantômes.
La bande annonce du livre :Nathalie Rheims lit le premier chapitre
Un entretien de Nathalie Rheims où l'on comprend que la nuit des sortilèges est un travail autobiographique :
Un autre portrait de cette femme très étrange et très singulière, que je trouve monstrueusement attachante, émouvante et un brin dérangeante,
Nathalie Rheims
par auteursTV
ceux qui ont aimé :
Un bel article enthousiaste de Christine Rousseau dans Le Monde,
Un article très "ressenti" de Pierre Asssouline, sur BibliObs.com,
Les billets de café-castor, lavieenrouge, Ariane , , Saxaoul, ArseniK_, Anamorphose,, lael, clarabel, leiloona, Taisg, Lhisbei,
Ceux qui n'ont pas du tout aimé :
Christine Jeanney sur Culturofil,
et les posts de sassenach, malice, Restling,Devorelivre, calepin, sandrounette, Wictoria,
Alween, Fashion Victim, Thom, My Lou Book,
Les ouais bof... moyen :)
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