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Classique à l'oeil...noir (la suite)

Par André Dziezuk

Si vous avez cinq minutes et que vous voulez découvrir l'immense lassitude qui peut s'emparer du soliste au moment du concerto, lorsqu'il joue avec un orchestre qu'il ne connait pas, avec lequel il a peu répété, et qui est visiblement un peu "jeune", jetez un oeil sur la vidéo du concert de Martha Argerich du 29 juillet au festival de Verbier. Edifiant.

Dans le deuxième mouvement du concerto de Shchedrin, à 15 minutes très exactement (passez votre souris sur la vidéo, vous aurez accès à un curseur de lecture), le hautbois joue une superbe phrase, qu'il attend depuis longtemps. Il a bien un peu peur (mon anche est-elle bien grattée, ce putain de chromatisme va-t-il passer, mon herpès buccal est-il en voie de guérison ?), son Do aigu est certes un peu haut, mais rien de grave, ça passe...
Et là c'est le drame !!! Le (ou la) corniste embouche son instrument et joue la phrase qui va le rendre célèbre, à 15'28'' très exactement. Un petit saut de quinte. Oh, trois fois rien en temps normal, sauf que là, il n'est plus accordé et que sa phrase est dix fois trop haute. Malheureusement, il est le seul à ne pas s'en rendre compte (déjà à 14'00'', ça merdait dans l'ensemble de cuivres, probablement par sa faute, mais on avait mis ça sur le compte de la fatigue. A 14'28, Martha s'était déjà tortillée du popotin sur son beau siège de velours, mais bon, ça allait...).

Martha a beau être sympa, elle lui jette quand même un regard noir, genre "va t'acheter des oreilles, c'est les soldes en ce moment !". Faut dire à sa décharge qu'elle a une note à jouer à l'unisson avec ce souffleur de pot de chambre. Elle finit par regarder le chef pour l'implorer de virer cet enfoiré ou bien je vais m'en charger moi-même, et je vais lui faire bouffer ses roubignolles (si tant est qu'il en aie encore) s'il continue à me péter mon concert en deux !!! Oui, elle est comme ça Martha, faut pas la faire chier...

C'est beau, un concert de musique classique. En apparence, tout le monde s'aime. Des fois ça finit même en partouze tellement les gens sont heureux de jouer ensemble. C'est vrai, la musique adoucit les moeurs...souvent.

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