Si depuis 82, la Loi Lang a réussi à sauver les petits diffuseurs français de la concurrence en limitant les rabais, la mesure souffre aujourd’hui de nombreux détournements. Internet et ses multinationales relancent l’offensive qui avait coûté la vie des disquaires. Nul n’en connait l’issue, mais une chose reste certaine, c’est que dans le milieu, une page se tourne.
La Région Aquitaine a dernièrement choisi de monter au créneau avec une campagne de sensibilisation à l’occasion des 25 ans de la loi sur le prix unique du livre. Car oui, un livre n’est pas plus cher que l’on aille dans un hypermarché ou une librairie de proximité ! Cette loi a ainsi favorisé la diversité de la production éditoriale et inspiré une dizaine de pays européens.
Ce que l’on sait moins cependant, ce sont les constantes tentatives d’y déroger : non-conformité avec le traité de Rome (libre concurrence européenne), les discounts sur les exportations belges et sur les livres scolaires ou parascolaires, les bons d’achats ou les cartes de fidélité. Autre menace : le port gratuit des boutiques en ligne. La stratégie constitue un véritable argument de vente et le livre y sert de produit d’appel. C’est ici qu’intervient la confusion entre le commerce culturel et le commerce de la culture. Ces pratiques, même si elles font souvent l’objet de condamnations, sont courantes.
Le problème ?
Les trois principaux groupes (Alapage, Fnac et Amazon ) ne sont pas inquiétés par les amendes judiciaires et établissent même leur stratégie sur des positionnements à perte pour conserver leur monopole. Le pire ? Ces enseignes ne sont que des intermédiaires.
Pourquoi préférer les libraires ?
Si les grands réseaux de distribution amplifient les succès, elles ne proposent ni choix qualitatifs, ni véritables conseils (à part quelques forums ou présentoirs illusoires). Perte de temps. Perte d’argent. Le combat est donc inégal face à des librairies dont la mission est la lecture, la recommandation, les collectivités locales et la personnalisation du client. Attention, les libraires ne nient pas l’importance d’Internet. Ils soulignent juste son rôle initial d’extension de l’activité traditionnelle. Avons-nous envie d’un marché qui décide unilatéralement de ce qui est bon ou ne l’est pas ?
L’Etat doit prochainement se prononcer sur la question et propose en préambule la création d’un label indépendant. En vue d’écrire un nouveau chapitre à la Loi Lang ?
Par Samuel Degasne