Magazine Cinéma

Le nouveau monde

Par Tepepa

The new world
Terence Malick
2006
Avec : Colin Farrell, Q’orianka Kilcher, Christian Bale
Cela commence avec une musique hollywoodienne typique particulièrement détestable (mais où est la relève de Morricone ?), puis la bande son laisse heureusement la place aux oiseaux, au vent, aux arbres, à cette multitude enchanteresse offerte par la virginité des terres inexplorées. La variété est estomaquante, entre hautes herbes et marais, entre grands arbres et cours d’eau miroirs d’un ciel sans cesse renouvelé. Le capitaine John Smith (Colin Farrell, fragile comme toujours) patauge un peu avant de se faire chahuter un brin par les bons sauvages de Rousseau. Puis il s’adapte un temps chez eux, partage leur vie douce et simple et se promène avec une belle indienne (Q’orianka Kilcher). Avec elle, il marche dans les roseaux, avec elle il regarde le tonnerre au loin, avec elle il s’enlace front à front dans la nature. Le temps s’arrête, les acteurs, Colin Farrell en tête, semblent hors du film, et John Smith ne fait rien à part apprendre l’anglais par la méthode globale à la belle indigène.
Les indiens voudraient voir les anglais partir et Pocahontas, car c’est bien d’elle qu’il s’agit, est leur porte d’entrée dans l’ancien monde. Quand il devient évident que les anglais mettent en péril leur schéma de développement durable, c’est la guerre. Mais là aussi, la guerre n’est qu’un sale moment à passer, confus, entrecoupé de trêves silencieuses et d’oiseaux qui volent. John Smith fait la guerre en spectateur, comme s’il n’était pas concerné. On ne sait pas pourquoi les indiens ne finissent pas le boulot, à la place ils vendent Pocahontas contre un pot de chambre. Les promenades champêtres peuvent reprendre sous le soleil qui perce les feuillages. Mais John Smith doit partir…
Poème visuel plus qu’histoire contée, Le nouveau monde est extrêmement chiant, mais dans le bon sens du terme. Si l’on accepte de se laisser porter, le charme opère, le temps s’arrête, la vie décrite par Terence Malick devient une vie rêvée où les évènements n’impactent ni votre humeur, ni votre rythme, ni vos sentiments. Les images belles comme un Turner racontent le film sans recourir aux artifices narratifs habituels et le découpage hisse le spectateur au niveau supérieur : vous ne suivez pas l’intrigue, on ne cherche pas à vous immerger de force à grand coup de chocs émotifs. Au contraire, le but est de vous sortir du film, de vous donner à le ressentir plus qu’à le subir. Le procédé des voix offs devient en cela presque contre productif tant l’astuce est éculée face à la distance prise par le réalisateur envers son sujet. Les dialogues sont rares, mais bien écrits et non verbeux, le respect des colons anglais envers la princesse indienne transcende le manichéisme habituel indiens= bons et blancs = méchants, et le film devient une sorte de fable que l’on regarde avec 400 ans de distance, sans prendre parti, en se laissant bercer par la beauté des images et des voix, par la dignité surréaliste des personnages et leur surhumanité. Pas aussi bien que L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford, mais à voir quand même sans hésitation si vous avez de l'affection pour ce dernier !

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