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Frit Vilt (Cold Prey) de Roar Uthaug

Par Geouf

Résumé : Cinq amis d’une vingtaine d’années se rendent en montagne pour faire un peu de snowboard en hors piste. Mais lorsque l’un d’eux se brise la jambe accidentellement, ils sont obligés de se réfugier dans un vieil hôtel abandonné. Malheureusement pour eux, ils ne sont pas seuls dans les lieux, puisqu’un mystérieux tueur entreprend de les éliminer un à un…

 

Après le survival avec le très sympa Rovdyr, place au slasher avec ce Fritt Vilt ayant cartonné dans le pays des fjords (à tel point qu’une suite a été tournée et sort cette année). Et une fois de plus, voilà un film qui prouve qu’en ce moment il n’y a bien qu’en France qu’on est incapable de faire des films d’horreur corrects et ambitieux. Car si les bases de Fritt Vilt sont celles d’un slasher classique (des jeunes, un lieu clos, un tueur omnipotent et invincible), le réalisateur Roar Uthaug parvient néanmoins à construire un suspense solide grâce à une grande maîtrise formelle. Il arrive notamment à instiller une ambiance pesante dès que la bande d’amis pénètre dans l’hôtel abandonné, sans pour autant présenter de menace réelle. Jusqu’au premier meurtre, soit au bout de 40 minutes de métrage, on ne verra en effet jamais le tueur. Toute la tension est créée par la réalisation et le montage lors de la visite de l’hôtel par les personnages. La très belle photographie quasi monochromatique renforce le sentiment d’oppression, faisant par exemple ressembler le long couloir menant aux chambres à une sinistre morgue. Les quelques plans extérieurs, montrant la tempête de neige suffisent à créer un sentiment de claustrophobie et d’enfermement. Et une fois le spectateur conditionné, aiguillé par quelques indices discrets (les coupures de journaux, quelques plans en vue subjectif…) et attaché aux personnages, Uthaug déchaîne l’enfer au cours d’un premier meurtre très violent et douloureux. Mais si ce meurtre est dur, le réalisateur ne tombe pas non plus dans l’excès de gore, ni dans les effets de modes (pas de montage surdécoupé ou de caméra à l’épaule). Le film est classique dans le sens noble du terme, n’utilisant que très peu les grosses ficelles du cinéma d’horreur (tout juste a-t-on droit à une ombre qui passe devant la caméra). Une fois le premier meurtre passé, étonnamment le film se calme, et entreprend de refaire monter la pression petit à petit. On se prend à trépigner en espérant que le reste des personnages va s’apercevoir rapidement du drame qui se joue, mais Uthaug préfère de nouveau prendre son temps, jusqu’à une dernière demi-heure rythmée et particulièrement stressante.

La fin du film permet au réalisateur d’iconiser son tueur, sorte de mix entre celui d’Urban Legends (pour la parka) et leatherface (pour le masque sur le visage). Un tueur classique de slasher, monolithique et muet, tout autant que surpuissant et indestructible, portant toujours avec lui son arme de prédilection, une imposante pioche. Face à lui, des personnages pas trop caricaturaux, juste assez développés pour qu’on s’attache à eux. Uthaug en profite d’ailleurs pour tordre le cou à quelques clichés (la blonde apparemment délurée est en fait vierge et hésite à se donner à son copain, pourtant ce sera la première à mourir, le rigolo de service qui se bourre la gueule sera l’un des derniers survivants…). Une bouffée de fraîcheur dans le monde archi-calibré du slasher. Enfin, dernier point qui fait plaisir, Uthaug ne cède pas à la facilité du tout explicatif : quelques coupures de journaux, un livre d’or et un très rapide flashback muet dans les dernières secondes suffisent à expliquer qui est le tueur et la raison de sa psychose. Un souci de ne pas prendre le spectateur pour un idiot qui fait plaisir.

Visuellement magnifique, porté par une troupe de jeunes acteurs crédibles et surtout un réalisateur appliqué, Fritt Vilt se classe aisément parmi les meilleurs représentants d’un genre souvent peu prolixe en bons films. Vive la Norvège et vivement la suite !

Note : 8/10


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