La critique
Fièvre des corps, douleur de l'âme
Miklos Dongo (Zoltan Miklos Hajdu) est de retour au Canada. Ex gymnaste prometteur, il a dû mettre sa carrière entre parenthèses suite à quelques incidents, personnels comme physiques. Désormais recruté comme entraineur, il va devoir s’occuper d’une jeune tête brulée : Kyle. Ce dernier est un gymnaste de grand talent mais qui s’avère particulièrement difficile à coacher. Alors que Dongo essaie d’établir un contact, il se remémore sa jeunesse. A l’époque, les entrainements de gym étaient particulièrement sévères, hostiles. Dongo a été particulièrement marqué par cette période où son entraineur ne le lachait pas, attisant sa haine mais le poussant aussi à se surpasser. Alors qu’une compétition importante se profile pour Kyle comme pour Dongo, ce dernier parviendra-t-il à mettre au placard ses séquelles enfantines ?
Les paumes blanches nous replonge dans des années 80 austères à travers le récit d’un jeune homme traumatisé. Le réalisateur Szabolcs Hajdu dresse un portrait tendu et fiévreux du milieu de la gymnastique où la rigueur pèse lourd sur de jeunes bambins extrêmement dociles. Les jeunes acteurs sont parfaitement dirigés et les passages en flash back sont très bien amenés. Côté documentaire mêlé à une réalisation de l’instant, ce film sensible parvient totalement à nous plonger dans l’intimité et l’inconscient de son personnage principal. On se retrouve au sein d’une ambiance toute particulière, au spleen ambiant, à la mélancolie coupable. Alors que l’on s’émerveille des figures exécutées par les corps, les douleurs psychiques restent toujours là en arrière plan, rendant chaque saut plus fragile et gracieux. Une œuvre personnelle, maitrisée et souvent bouleversante.
Le DVD du film, qui est en vente depuis le 24 novembre, nous propose un entretien avec le réalisateur Szabolcs Hajdu et son comédien principal qui n’est autre que son frère ! Il revient sur l’aspect autobiographique de son film, de la nécessité de celui-ci, du fait que le projet n’était pas évident à construire car il mêlait fiction et aspects très personnels. Tourné avec très peu de moyens, le film s’est finalement très bien vendu à l’international et fut sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes.
DVD disponible actuellement à la vente, éditions Epicentre Films