Après Le Catafalque aux miroirs (Apogée, 2005), Alice
Massénat, trop discrète, nous propose un livre saisissant. L’énergie développée
à l’intérieur de chaque poème crée un mouvement continu qui s’amplifie. Rebelle
à toute assise du poème, Alice Massénat bouleverse rythmes, images et registres
de langue par nécessité : la nudité intérieure du monde la traverse comme
la grille de chair d’Artaud, la révolte s’offre à nous comme un don, fulgurant
poème d’Amour — dédié à quelques-uns, mais à l’Autre qui toujours signifie le
manque, l’inadéquation, relance la révolte profonde du corps-mots-gestes.
L’armoise, autre nom de l’absinthe, mais qui rappelle aussi l’herbe chère à
Aïgui, pousse dans les décombres, sur les voies ferrées, au bord des
routes…sauvage sans renoncement, si le poème l’arrache, c’est pour ensemencer
le temps mort du réel qu’il faut revitaliser !
Il faut saluer cette édition soignée, à la belle maquette. Au catalogue de
cette toute jeune maison, on peut lire Pierre Peuchmaurd, Éric Ferrari et
Laurent Albarracin.
Contribution de François Rannou
Alice Massénat
Ci-gît l’armoise
Editions Simili Sky (Véronique Loret, 9, rue Garibaldi,
93400 Saint-Ouen)