Il y a des jours comme ça où le télescopage d’infos me met en colère tout en déclenchant l’effervescence dans ma petite tête… Je ne peux m’empêcher ni de relier les diverses questions entre elles ni de faire le rapprochement avec des idées plus générales glanées dans mes lectures et qui me viennent spontanément à l’esprit.
Ce n’est nullement une «posture» d’intello en mal de reconnaissance (ça, j’en ai rien à foutre !) mais à quoi servent les connaissances (pour ma part le peu qui m’en reste…) sinon à aiguiser et conduire le raisonnement ?
Comment ne pas penser à Victor Hugo : «Ouvrez une école, vous fermerez une prison» ?
Or, nous avons un gouvernement qui, par horreur et mépris des fonctionnaires de “terrain” – entendre comme «dudgetivores» - préfère manifestement ouvrir des prisons, souhaitant même en confier la gestion au privé ! alors que la justice et le système carcéral font absolument partie des prérogatives régaliennes de l’Etat, et n’a de cesse sinon de toujours fermer des écoles, du moins de réduire drastiquement le nombre des enseignants et personnels de l’Educ-Nat, de diminuer toujours davantage les heures de cours et d’abaisser continuellement le niveau des enseignements et des programmes, ce qui revient exactement au même : la fabrique des ânes !
Personne ne conteste l’utilité de l’information des jeunes en matière de drogue non plus que la participation des policiers - en tant que confrontés à ce fléau - à de telles initiatives.
Mais de-là à ce qu’ils y organisent de vrais «travaux pratiques» grandeur nature, avec irruption dans une salle de classe d’un gendarme et d’un maître chien (plus l’animal sans muselière !) avec cette injonction : «Nous allons faire entrer un chien ! Mettez vos mains sur les tables, restez droit, ne le regardez pas ! Quand il mord, ça pique !», fouilles au corps et collégiens en caleçon dans le couloir… Comment n’y point voir une vision criminalisante de la jeunesse ?Je m’en voudrais de faire un fort mauvais procès d’intention à l’ensemble d’une corporation – au demeurant utile à la société : si on me volait quelque chose d’important ou si l’on m’agressait, où irais-je sinon au commissariat le plus proche ? Sans même parler des affaires criminelles, etc…
Mais je faisais hélas ces derniers temps, - à partir de l’affaire Fillipi (qui fait de grosses vagues, y compris au sein de l’ump et du gouvernement) et de la réception «musclée» au Tribunal administratif des personnes déposant leurs dossiers dans le cadre de la loi sur le droit au logement opposable - la recension de nombreux faits et agissements imputables aux forces de l’ordre et qui sont, pour le moins, peu respectueux des droits et libertés des citoyens.
On pourrait ajouter la façon peu amène dont les forces de sécurité ont refoulé les personnes qui manifestaient leur mécontement devant le maintien en détention des présumés “terroristes” qui se seraient attaqués aux caténaires des TGV…
Malgré les communiqués de victoire de la police et de Michèle Alliot-Marie au moment de leur arrestation dans un temps record, j’ai bien l’impression que le dossier est aussi peu épais qu’un casse-croûte de chômeur et que cette lamentable histoire se terminera dans la même eau de boudin que naguère celles des tout aussi présumés “terroristes” connus sous le nom journalis-tique “d’Irlandais de Vincennes”
C’est qu’il ne fait pas bon d’être libertaire et en général contestataire dans le “Monde de Sarko” !
J’en veux pour preuve la façon dont il se saisit d’un fait-divers dramatique : un schizo-phrène tuant un passant dans la rue à Grenoble… toujours la même façon de surfer sur l’émotionnel pour faire mieux passer ses délires sécuritaires… 70 millions d’euros pour “sécuriser” les hôpitaux psychiatrique (mais du personnel en nombre suffisant, vous n’y pensez pas !) et une modification substantielle du régime de l’autorisation de sortie des malades entrés en “placement d’office”…
Désormais leur cas sera étudié par une commission composée de policiers et magistrats, la part congrue pour les psychiatres qui les suivent ! La notion seule de dangerosité remplaçant désormais les considérations médicales auxquelles flics et juges n’entraveront que dalle, sans oublier que si les schizo sont potentiellement dangereux, il est, sauf exception souvent impossible de prévoir de tels passages à l’acte… Alors la méthode Sarko, c’est quoi ? Sinon l’enfermement à vie des fous comme ce fut le cas jusque dans les années 50…
Sans oublier qu’un schizo ou n’importe quel autre malade atteint d’une psychopathie peut très bien être entré en placement “volontaire” !
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Cette notion était évoquée dans un autre livre emprunté naguère à la Bibliothèque municipale de Montmorency mais mon petit bordel (petit à la taille de mes 45 m² mais très grand pour sa mesure propre) étant loin d’avoir disparu (c’est surtout la chambre qui pèche ! et encore, le lit n’est-il plus aussi envahi qu’il le fut à une certaine époque…) je ne suis pas en mesure de retrouver le cahier où j’avais consigné le titre et le nom de l’auteur, non plus que les notes que j’avais prises… Et impossible de me connecter au catalogue en ligne !
L’auteur y démontrait comment la délinquance de la jeunesse avait toujours existé, on pense notamment aux Apaches et autres bandes issues de la «zone», quartiers excentrés des anciennes «fortifs» selon la terminologie de l’époque (on peut même remonter jusqu’à la «Cour des Miracles» (centrale, cell-ci) que La Reynie, premier lieutenant général de police de Paris fit raser au XVIIème siècle…
Inutile de préciser qu’il ne s’agit pas d’une «classe d’âge», seuls étant bien entendu visés – hier comme aujourd’hui – les enfants issus des classes populaires, elles-mêmes considérées comme «dangereuses» par définition…
J’en veux pour preuve les deux mesures envisagées par Nicolas Sarkozy et Rachida Dati et fortement soutenues par le prolixe député et porte-parole de l’UMP Frédéric Lefevbre… à savoir la prison dès 12 ans (grâce à l’abaissement de l’âge de la responsabilité pénale) ainsi que le dépistage précoce des comportements agressifs : à trois ans !
Avant d’aller au fond du sujet, je ne peux m’empêcher «d’épingler» la photo de Frédéric Lefevbre qui illustre l’article du Monde.fr. laquelle donne pleinement l’image de la suffisance agressive alliée au manque d’intelligence. Vous y ajoutez une chemise à carreaux roses associée à une cravate noire avec des petits pois roses : le top en matière de bon goût !Je ne saurais nier l’évidence : certains enfants et adolescents agissent comme des brutes épaisses, souvent totalement irresponsables quant à la conscience de la gravité de leurs actes qui, pour certains sont aussi inqualifiables qu’inexcusables.
Qu’ils doivent être sanctionnés, pris en charge par des éducateurs spécialisés et placés, le cas échéant, dans des milieux adaptés (par ex. les foyers de l’Education surveillée) me paraît tout aussi évident, de telles mesures relevant à l’évidence de la justice et au premier chef des juges pour enfants qui statuent en étant éclairés par les rapports d’expertise et l’évaluation des travailleurs sociaux et autres éducateurs.
Las ! il semble bien que cette juridiction spécialisée soit précisément dans le «sarkollimateur»…
J’ai le souvenir d’un projet de fichage des enfants à cet égard dans les années 70 mais je sollicite en vain ma mémoire depuis plusieurs mois : impossible de retrouver le doux nom dont ils avaient affublé ce dispositif… qui avait déclenché le même tollé général chez les enseignants, les travailleurs sociaux et les familles, de même que le précédent projet de 2006 - identique à celui qui revient sur le tapis - fondé sur un rapport de l’Inserm. A défaut d’intelligence, ils y mettent une sacrée constance.
Que la qualité du raisonnement de Frédéric Lefevbre laisse plus qu’à désirer à la lecture de l’interview sur Europe 1, rapportée par le Monde, relève également de l’évidence : est-il capable de penser par lui même ? Il prend tout (les rapports d’experts) pour argent comptant et se défend en admettant qu’il n’est pas spécialiste. Cela interdirait-il de réfléchir ?
“Cela a été dans beaucoup de rapports. On dit qu’il faut le faire dès l’âge de 3 ans pour être efficace”, Je passe sur la syntaxe plus qu’approximative…
“Je ne suis pas un spécialiste, donc je ne déterminerai pas à quel âge il faut le faire”, (…)mais “quand vous détectez chez un enfant très jeune, à la garderie, qu’il a un comportement violent, c’est le servir, c’est lui être utile que de mettre en place une politique de prévention tout de suite”.
Pour en terminer avec cette question, je préciserais qu’à l’époque où il fut question de ficher les enfants à problème (entre 1978 et 1981) nous avions une copine qui travaillait à la halte-garderie des Salmoneries à Saint-Jean de la Ruelle, quartier qui jouxtaix celui de la Prairie où je vivais.
Nous allions parfois déjeuner en bande au Flunch d’Auchan tout proche vec ses collègues et parmis celles-ci j’ai le souvenir d’une qui affirmait être capable de savoir qui, parmi les bambins accueillis, présentait déjà un profil de petit voyou agressif, en raison de son comportement.
Mais vous lui eussiez arraché la langue plutôt que d’admettre qu’il fallait les ficher et donc les stimatiser dès ce jeune âge ! Un travail d’éducation des enfants et de leurs parents peu infléchir le cours d’une existence qui pouvait paraître promise à la délinquance.
Quant à l’abaissement de l’âge de la responsabilité pénale, de 13 à 12 ans, il le justifie par l’augmentation de la délinquance des jeunes : “En 1945 un mineur sur 166 était mis en cause dans une affaire pénale, aujourd’hui c’est un sur trente, il faut réagir”,
La répression plutôt que la prévention et l’éducation !
Je ne sais si Frédéric Lefevbre a jamais ouvert la remarquable étude faite par Marie Rouanet, «Les enfants du bagne» (Payot 1994). Le monde atroce qu’elle décrit se situait précisément avant l’ordonnance de 1945 qui a mis fin à des pratiques monstrueuses.
L’auteur a longuement dépouillé les archives départementales.(il me semble me rappeler que ce furent celles de l’Hérault) et son récit est proprement poignant. Des enfants sur-exploités dans une prétendue «colonie» pas de «vacances» ! vous pouvez m’en croire… mais au sens romain et féodal de mise en valeur d’un domaine agricole.
Avec tout son cortège de violences, d’agressions (sexuelles ou non), de sous-alimentation chronique et de mauvais traitements de la part des responsables et autres «gardiens».
Puisse le Ciel faire que ce ne soit pas un tel modèle qui germe dans la tête de ceux qui nous gouvernent ! Pas plus que les «Bat d’Af» n’ont jamais remis les voyous dans le droit chemin, ces «colonies» pénitentiaires n’ont amendés (ou fort peu d’entre eux) les jeunes qu’elles accueillaient.
Je reviendrais sur la notion de «prison modèle» dont traitent, outre Michel Foucault, un grand nombre de chercheurs qui travaillent sur le sujet. On peut lire “Histoire des prisons en France 1789-2000″ de Jacques-Guy Petit, Claude Faugeron et Michel Pierre avec une préface de l’historienne Michelle Perrot, et dans la même collection (Hommes et communautés, Privat, Toulouse) : “Histoire des galères, bagnes et prisons en France (de l’Ancien Régime” de Nicole Castan et André Zysberg.
Je pense tout particulièrement au «panoptique» de Bentham, modèle architectural conçu pour que les prisonniers puissent être tous vus depuis une tour de contrôle…
Au-delà de la prison elle-même, il semble bien que le modèle panoptique devienne le paradigme vers quoi tendrait aujourd-’hui la société – entendre les dirigeants et les décideurs économiques : mettre les citoyens sous une surveillance constante, un «flicage» généralisé, avec le concours de moyens technologiques de plus en plus raffinés,
puces dans les cartes bleues et autres passes Navigo, surveillance des téléphones portables, d’internet, etc…
la vidéo-surveillance qui se généralise non seulement dans un nombre croissant de lieux recevant du public mais également dans les rues… et personne ne peut prétendre qu’un jour (si cela ne s’est pas déjà produit) des caméras indiscrètes ne seront pas pointées vers les habitations !
Notamment les puces «savantes» qui seront incorporées dans les matériels hi-tech voire dans des produits de consommation courante - les publicitaires et fabricants entendant nous «tracer» pour connaître nos goûts et nous envoyer des messages publicitaires ciblés.
Lors de mes dernières vacances le vétérinaire de Pomerol a «badgé» Tubarào en même temps que la vaccination. Cela remplace ddésormais le tatouage, sans l’inconvénient d’une anesthésie générale.
J’espère bien que cela ne lui donnera pas l’idée de choisir Gourmet plutôt que Whiskas ou Ronron… pas de veine pour les mercantis, j’ai choisi de préparer moi-même sa pitance : poulet, riz, légumes… C’est sans doute un peu chronophage mais je n’ai pas à transporter les boîtes dans mon sac à dos et qui plus est, cela évite un tas d’additifs divers qui ne sont guère bons pour la santé, sans oublier que la qualité des viandes utilisées laisse plus qu’à désirer. Et cela me revient de surcroît nettement moins cher.
Je pense que Jacqueline (de Cuisine et compagnie) mettait un brin d’humour dans son mail après que je lui ai narré mes péripéties avec Tubarào : l’amie qui me l’a donnée soutenait qu’elle mangeait des croquettes. J’avais acheté les mêmes, une marque plus que correcte – Purina. J’ai vu Tuba gratter autour de son plat tout comme dans sa caisse… Exactement comme le faisait naguère Poupoune (chatte qui a vécu 18 ans ½) quand elle trouvait que sa bouffe était mauvaise ! J’ai laissé Tuba une ½ journée sans rien lui donner d’autre… elle aurait péri de faim !
Or donc, Jacqueline, après avoir lu mon «menu» - j’avais ajouté du jarret de boeuf et du tendron de veau, actuellement, j’y mets plutôt du foie et des rognons de boeuf - m’écrit que je devrais penser à y ajouter de… la truffe blanche !
J’ai beau savoir qu’elle est nettement moins chère que la noire (ce qui permet à certains margoulins de la colorer pour l’utiliser à sa place), je n’en suis pas moins persuadée qu’elle n’est pas dans mes moyens (j’ai trouvé du poulet ordinaire à 2,75 euros le kg) et quand bien même aurais-je nettement plus d’argent, je refuserais énergiquement une telle débauche !
Et lisant tout dernièrement sur un article du Monde qu’un informaticien a inventé un logiciel lui permettant de suivre à la trace n’importe quel téléphone portable passant dans un certain rayon autour des scanners qu’il a placés, je frémis en pensant à l’utilisation policière qui pourrait en être faite : le contrôle permanent des citoyens !
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LEMONDE.FR | 01.12.08 | 15h23 • Mis à jour le 02.12.08 | 08h28
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