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Article : Yakusa

Publié le 20 décembre 2004 par Julien Peltier

Yakusa
Plus vidéo que jeu

En l’an de grâce 2000, Yuu Suzuki donnait naissance à Shenmue, un jeu qui marquera de nombreux esprits et rendra immortel la Dreamcast de Sega dans le cœur des joueurs, notamment grâce à une interaction totale avec le monde qui entoure le personnage principal du jeu, à son scénario et ses personnages travaillés a l’extrême mais surtout à la vingtaine d’heures de cinématiques que compte le jeu, ces dernières déroulant l’histoire devant les yeux du joueur et faisant passer les non moins excellentes phases de jeu pour de vulgaires coupures. Rarement un jeu avait procuré cet effet, mais force est de constater que le résultat était bien plus qu’à la hauteur. 6 ans plus tard, Suzuki-San revient sur le devant de la scène avec ce Yakuza, fils spirituel de Shenmue, où un gameplay efficace, des personnages aux caractères plus que prononcés et un scénario de film noir mêlant trahison, vengeance et honneur vont conduire le joueur dans une aventure dont il ne ressortira pas sans un sourire jusqu’aux oreilles et l’envie de poser les mains sur une suite.



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Kazuma Kiryu est le « Dragon » de la famille Dojima, caste du clan Tojo. Adopté étant jeune avec son ami et « frère » Akira Nishiki par Fuma Oyabun, lieutenant de la famille Dojima, honneur et respect forment sa ligne de conduite et il sert son clan avec conviction et loyauté. Un soir, il apprend que Yumi, la fille dont il est amoureux, a été enlevé par Soei Dojima, le chef de sa propre famille. En arrivant sur les lieux, il découvre le corps de Dojima criblé de balles, Yumi en larmes près du cadavre et Nishiki, l’arme vide au poing. Pour le bien de ce dernier et de Yumi, il décide de prendre le fardeau de meurtrier à la place de son « frère » et est emprisonné.
10 ans se passe avant que Kazuma ne soit libéré grâce à l’impulsion de son ancien mentor, Fuma. A sa sortie, il apprend que le président du clan Tojo vient d’être assassiné, que son ancien frère Nishiki a trahit Fuma en créant sa propre famille et que Yumi serait liée a l’histoire du vol de la fortune du clan Tojo. De la bouche de son mentor, Kazuma apprend que Nishiki a totalement changé après l’accident survenu 10 ans plus tôt et qu’il est sûrement lié au meurtre du président du clan Tojo, du vol de la fortune de ce dernier et qu’il sait où est Yumi. Aidé par le détective Date, celui même qui s’est occupé de l’affaire concernant le meurtre de Kiryu, Kazuma va tout faire pour obtenir la vérité sur les agissements de son ancien ami et retrouver la piste de la fille qu’il aimait.
Voila les bases d’un scénario aux rebondissements aussi nombreux qu’inattendus, où sous fond de guerre des gangs japonaise et d’ambiance noire, se cache rivalité, trahison et vengeance. Une histoire digne des meilleurs polars asiatiques de ces dernières années.

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Mais ce qui fait la véritable force du scénario, ce sont bien la profondeur de caractère et l’humanité que les développeurs ont su insuffler à leurs personnages. Que ce soit Kazuma, un homme rongé par l’honneur envers son clan et la vengeance contre ses anciens alliés, tiraillé entre la rivalité et l’ancienne amitié avec Nishiki, Date ancien inspecteur ayant tout perdu essayant de laver ses fautes en aidant Kiryu dans sa quête de vérité, ou encore Yuni, petite orpheline qui sans le savoir retrouve son père et tente de retrouver sa mère perdue dans de mystérieuses conditions, le travail sur le comportement des différents protagonistes est ahurissant et la force des émotions dégagées par ces derniers est simplement trop rare pour n’être ressentie. Voilà des personnages à mettre au même niveau qu’un Solid Snake ou d’un Ryu sur le plan du soin apporté au caractère d’un personnage.
Sous une allure de jeu vidéo se cache en fait un véritable film. Car c’est sans conteste les cinématiques qui, en s’enchaînant parfois, donnent le rythme du jeu et font avancer l’histoire, donc le jeu en lui-même. Remarquablement mises en scène, constituées d’animations très convaincantes et possédant un style graphique propre aux œuvres de Yuu Suzuki, les cinématiques de Yakuza sont un vrai régal pour le joueur qui se sent impliqué dans l’histoire et qui ne peut s’empêcher de continuer pour savoir ce que le jeu lui réserve. Fait assez rare pour être souligné et chose qui fait la force du titre de Sega, le joueur a l’impression que ce sont les phases in-game qui coupent les cinématiques et non l’inverse comme dans un jeu « traditionnel ».

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Parlons justement du gameplay qui, sans révolutionner le genre, reprend des bases solides comme un système de combos à 2 boutons, une barre de furie qui, en se rechargeant en donnant des coups, donne accès à des coups plus puissants, un système d’évolution classique avec de l’expérience remportée après chaque ennemi mis hors d’état de nuire, celle-ci permettant d’améliorer la résistance du personnage, de débloquer de nouveaux combos… Un système de jeu classique mais efficace (fluidité des combats) qui ne souffre que de peu de défauts (gestion de la caméra notamment), et qui permet au jeu de garder son rythme mais qui malheureusement rencontre rapidement ses limites et peut devenir lassant a la longue. Comme son ancêtre spirituel, le joueur peut interagir avec quasiment tout ce qui l’entoure et peut donc se servir de tout objet pouvant être utilisé pour taper sur tout ce qui bouge, un arsenal allant du club de golf au vélo posé contre un mur en passant par le sabre en bois ou le lustre d’une maison.
Hors combat, le joueur se déplace à pied dans les rues de Tokyo pour se rendre sur les lieux des différents objectifs. Petit bémol à signaler, les temps de chargement très long quand le personnage passe d’une rue à une autre, chose qui à la longue, est très agaçante.

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Coté ambiance sonore, des thèmes musicaux toujours à propos et d’une excellente qualité accompagnent les aventures de notre yakuza mais le plus grand regret qui ressort de ce chef d’oeuvre est sans conteste le doublage en anglais. Bien que très réussi et collant parfaitement aux différentes personnalités, les voix japonaises, beaucoup plus adaptées, auraient sans doute renforcées l’immersion quasi-totale du joueur dans l’ambiance underground asiatique qui fait partie intégrante du jeu. Prions donc pour la sortie des suites de la série de Sega en version originale sous-titrée.
Clôturons par les bonus déblocables à la fin du jeu : un mode contre la montre, où les combats contre les différents boss sont chronométrés, des fiches explicatives sur le monde et les personnages mais surtout la vidéothèque entière du jeu qui permettra au fan de pouvoir regarder les meilleurs passages si ce n’est pas toute l’aventure composant cette œuvre qui au final est bien plus cinématographique que vidéo ludique.

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Yakuza est sans conteste le digne successeur de Shenmue, tant par sa réalisation qui se rapproche plus du septième art que du simple jeu que par la profondeur d’âme que les développeurs ont si brillamment su insuffler à leur création et il démontre avec panache, au même titre qu’un Metal Gear Solid, que le jeu vidéo est bien un vecteur d’émotions à part entière.
Yakusa
Développeur : Sega
Editeur : Sega
Distributeur : Sega
Plate-forme : PlayStation2 (PS2)
Date de sortie française : 15 septembre 2006
Site officiel : http://www.sega.co.uk/yakuza/en/index.html
Hayabusa
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