Voici un bel exemple (ou pltutot un bien vilain exemple) de l'incohérence entre les discours politiques et les actions concrètes: L'agence européenne Frontex, dont le rôle est de coordonner la surveillance des frontières extérieures de l'Union européenne, a décidé de suspendre, faute de moyens, ses patrouilles en Méditerranée destinées à endiguer les flux d'immigration clandestine vers Malte et l'Italie. Ces deux pays participaient, avec l'Allemagne, l'Espagne, la France et la Grèce, à l'opération Nautilus II, lancée le 25 juin et appelée, en principe, à durer jusqu'à l'automne. On crie au scandale? Oui, car scandale il y a. mais visiblment, cela n'émeut guère nos gouvernements, y compris ceux qui mettent la donne sécuritaire parmi leurs priorités....
Cette afaire illustre aussi les limites de la coopération intergouvernementale: Le personnel, le budget, les équipements (avions, bateaux, hélicoptères) sont fournis par les Etats membres et les opérations conduites par Frontex sont liées au concours que ceux-ci sont prêts à lui apporter...ou non.
Seule réaction, ou presque: Le président du groupe du Parti populaire européen (PPE) au Parlement européen, Joseph Daul, a demandé que l'opération reprenne "immédiatement". Il estime que celle-ci a été "efficace" pour limiter l'afflux des clandestins et juge que "cela n'a aucun sens de l'arrêter à un moment culminant de la saison, pendant les mois cruciaux d'août et de septembre". Il a raison, mais ce ne sont ni le Parlement ni la commission qui tiennent les cordons de la bourse.