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Nicolas Sarkozy recourt à « chouchou » pour contrer Copé

Publié le 09 décembre 2008 par Hmoreigne

 « Si tu as prévu de filer les clés de l’UMP à Bertrand, tu devrais en garder un double ». Le bon mot, ce n’est pas un hasard, est prêté à Jean-François Copé qui l’aurait susurré à l’oreille de Nicolas Sarkozy. Fin carnassier, le président du groupe UMP à l’Assemblée Nationale a bien saisi que la nomination du ministre du travail à la tête de la machine UMP constitue, entre autres, une manœuvre destinée à contenir ses ambitions.

On savait que Patrick Devedjian s’ennuyait ferme dans le rôle honorifique de tôlier de l’UMP. De là à « l’exfiltrer » il y a un pas. La manoeuvre de l’Elysée aurait pour but essentiel de préparer les conditions de la réélection de Nicolas Sarkozy en 2012. Pour cela, il faut sortir le parti présidentiel de sa torpeur, le remettre au travail mais aussi, neutraliser dès à présent les éventuelles velléités dans son propre camp.

Identifié dès le départ comme un caillou dans le soulier, Jean-François Copé est analysé par l’Elysée comme un homme brillant et à ce titre dangereux. Mué en chef de meute, le Maire de Meaux n’a jamais caché ses ambitions présidentielles même s’il a pris la précaution de ne se déclarer “intéressé” que par l’échéance de 2017. Il n’empêche, après des débuts difficiles sa réussite à la présidence du groupe UMP de l’Assemblée Nationale en fait un recours potentiel en cas d’enlisement de Nicolas Sarkozy. Le député de Seine et Marne par ses velléités d’indépendance qu’il insuffle à ses propres troupes constitue désormais une menace.

Ne pouvant cadenasser des députés qui supportent de plus en plus difficilement d’être ravalés au rôle de godillot, Nicolas a choisi de verrouiller par l’UMP, la machine à investir. Restait à faire le casting. Plutôt que Brice Hortefeux fidèle de la première heure, Nicolas Sarkozy a choisi Xavier Bertrand rallié de la dernière. A la différence du premier desservi par son image d’homme des basses œuvres, Xavier Bertrand offre sa rondeur et sa quarantaine pétillante.

Surnommé « chouchou » par la presse, Xavier Bertrand a connu grâce à la Sarkozie une ascension fulgurante servie par une ambition soigneusement contenue dans les apparences. De chiraco-juppéiste il a su se muer en sarko-sarkozyste. Ses détracteurs le décrivent comme un caméléon. Dominique de Villepin, poète à ses heures  de « traître sans couilles ».

La reconnaissance et la fidélité ne sont pas le fort des hommes politiques, Nicolas Sarkozy le sait bien. Jean-François Copé aussi. Son trait d’humour sur les clés de l’UMP vise à insuffler le doute dans la tête du président. La réussite de Xavier Bertrand servira dans un premier temps celle de son mentor mais après ? L’exercice du pouvoir ne risque-t-il pas de lui donner quelques mauvaises idées ?

Derrière la direction de l’UMP se profile déjà Matignon. François Fillon victime de l’usure du poste n’est pas dupe. L’hostilité de l’actuel Premier ministre à l’égard du chouchou est un secret de polichinelle, il en parle d’ailleurs comme un Franc-maçon plus maçon que franc.

Par le fait du Prince qui a imposé la réforme, Xavier Bertrand retrouvera automatiquement le 24 janvier son poste de député de l’Aisne et rejoindra donc le groupe présidé par Jean-François Copé. En grand ami de la Chine Nicolas Sarkozy ne peut ignorer la citation prêtée à Deng Xiaoping « Il ne peut pas y avoir 2 tigres sur la même colline ». Diviser pour mieux régner. Un beau combat de coqs en perspective.


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