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Collision – Les humains sont des particules élémentaires

Par Bebealien

Séance rattrapage DVD hier soir. J’ai enfin vu Collision de Paul Haggis, qui avait reçu le grand prix au festival du cinéma américain de Deauville en 2005. Oui, comme quoi j’ai parfois beaucoup de retard dans mes chroniques… Le film est d’autant plus intéressant que j’ai eu hier un débat houleux avec quelqu’un à propos de la propension du cinéma américain à prendre son spectateur pour un con. Heureusement que des films comme Collision remontent le niveau. Explication ci-dessous.

Collision – Quand la peur prend le dessus

Los Angeles. Une douzaine de destins croisés. Un procureur et sa femme au foyer, un serrurier et sa petite famille, une famille de commerçants perse, un réalisateur et sa femme, deux policiers, deux voleurs de voiture, un couple de chinois, un inspecteur… Pendant un peu plus de 24h, les peurs et les actions de chacun vont avoir des répercussions sur la vie des autres, comme si chaque être humain était une particule s’entrechoquant sans cesse avec les autres…

Une bien belle affiche, pour un film moins dramatique qu’il n’y parait

Le film avec de nombreux personnages est un exercice délicat. Trop souvent, le lien qui les unit tous est trop ténu, ou bien la moitié d’entre eux sont trop caricaturaux et détonnent par rapport aux autres… bref il est difficile d’écrire de nombreux personnages de force équivalente afin d’avoir un vrai film collégial. Et à ma grande surprise, je dois avouer que Collision arrive à relever le défi avec souplesse et élégance. Une vraie réussite scénaristique.

Le scénariste / réalisateur Paul Haggis a eu l’idée du script juste après s’être fait braquer sa voiture. En s’interrogeant sur sa propre peur et sur les motivations de ses agresseurs, il a dévidé le fil jusqu’à obtenir le script de Collision. Et çà fait mouche. Loin des stéréotypes habituels, il présente tous ses protagonistes comme des êtres humains prisonniers d’un monde qui les dépasse, donc ils n’arrivent pas à maîtriser les règles et qui du coup se font broyer par celui-ci.

Tony “Madame est servie” Danza et Terrence Howard, réalisateur qui film les noirs de manière pas assez… “noire”

Il va encore plus loin en les faisant réagir principalement par rapport à leurs peurs : peur raciale, peur sécuritaire, peur de perdre ce que l’on possède, peur de l’étranger, peur des forces de l’ordre… Il dénonce ces petites lâchetés du quotidien qui finissent par générer des drames, ces incompréhensions qui peuvent prendre des proportions gigantesques… bref il présente des personnages avant tout profondément humains.

Jennifer Esposito (à gauche) et Don Cheadle (également producteur sur le film), deux inspecteurs un peu déroutés

Et c’est là la grande force du film : présenter des personnages qui savent à la fois améliorer l’état du monde et le dégrader, à l’instar de ce braqueur de voiture qui va libérer des travailleurs clandestins asiatiques, ou de ce flic raciste qui va sauver la vie d’une femme… Ce ne sont pas les idéologies qui font agir les gens, mais le contexte et la peur. Même si le film reste hollywoodien, il va chercher des consonances philosophiques plutôt agréables et rares…

Thandie Newton et Matt Dilon, la femme acariâtre et le flic raciste…

Bref, Collision c’est du tout bon. Un beau casting avec pas mal de contre emplois (Brendan « La momie » Fraser qui joue un procureur, Sandra « je joue comme un pied » Bullock qui incarne une femme au foyer coincée… mais aussi Don Cheadle, Matt Dilon, Ryan Phillips, Thandie Newton…) tous impeccables. Oui oui, même Sandra Bullock joue bien (c’est un miracle !). Si comme moi vous l’avez loupé lors de sa sortie en salle, il est urgent de rattraper votre retard, surtout qu’il est disponible pour pas cher en DVD.


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