James K. Lyon se demande, dans la préface de son livre ( Paul Celan and Martin Heidegger, Baltimore, 2006), ce qui a poussé Celan à s'intéresser à Heidegger. La question pour lui reste ouverte : " Je n'ai pas tant refusé de répondre à cette question, j'ai conclu qu'elle ne peut pas trouver de réponse [...]. Les contradictions qui ont été rendues évidentes à mesure que progressait mon travail sont si éclatantes et irréconciliables [...] " (p. IXs.). Ce qui est mis en évidence, s'explique : le contradictoire conduit à analyser le rapport entre le oui et le non, le pour et le contre. Que l'œuvre de Heidegger ait compté, ne fait pas de doute, quel que soit le monde auquel elle appartient. Celan a donc voulu la connaître, et savoir ce qu'il enétait. Il est entré dans cet univers ; partiellement, il concernait la philosophie, elle seulement, en tant que telle. Celan s'instruisait. Il a quasi enmême temps reconnu les enjeux implicites, et pris ses distances, marqué son opposition. Sous cet angle qui prime, il y avait deux lieux, l'autre et le sien, qui se démarquait. Ce n'est pas une contradiction, mais un antagonisme. Il s'exprimera encore de la même façon dans Todtnaubergen1967 quinze ans après le début de sa lecture (voir mon étude "Le mont de la mort : le sens d'une rencontre", La Grèce de personne, p. 349-376).
©Jean BollackContribution de Tristan Hordé