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Burn after reading

Par Rob Gordon
Burn after reading «-Qu'avons-nous appris de cette affaire ? -Pas grand chose.» Ce dialogue, qui clôt Burn after reading, exprime bien l'ambition du dernier bébé des frères Coen. On n'en tirera pour ainsi dire aucun enseignement, si ce n'est que la stupidité humaine peut être si puissante qu'elle peut prendre le pas sur toutes les formes d'intelligence. Mais ce n'est pas vraiment nouveau : globalement, l'espèce humaine est idiote et file tout droit vers l'entropie la plus totale.
Conformément à une expression ô combien sinistre (retournez donc écouter Desproges, dont une chronique est consacrée à cet affreux lieu commun), « c'est un film qui n'a pas d'autre prétention que celle de nous faire rire ». Et en effet : Burn after reading est une comédie noire très drôle, voire même hilarante, qui utilise la bêtise ambiante pour mieux nourrir sa mécanique comique. Après un passage à vide au début des années 2000, les Coen ont retrouvé la verve et le mordant qui firent la réussite de leurs plus grandes oeuvres : un sens inné du dialogue, un talent tout particulier dans le choix des pseudonymes (le nom d'Osbourne Cox restera gravé dans nos mémoires à jamais)... Et, avant tout, un don véritable pour créer des personnages singuliers, délectables, épais dans tous les sens du terme. Ce n'est pas parce qu'ils sont idiots ou carrément péquenots qu'ils doivent être bâclés. Il n'y a rien de plus difficile que de réussir à parler intelligemment de la connerie humaine...
Ces personnages doivent évidemment beaucoup à des interprètes déchaînés, qui se régalent à casser leur image. En tête, George Clooney et ses yeux ronds comme des billes, et surtout Brad Pitt, impayable et imparable en coach de gym redonnant tout son sens au mot "neurasthénique". Parce que ce sont les plus en vogue, ce sont sans doute les deux acteurs dont la prestation épate le plus. Mais tous, absolument tous les autres, sont à l'unisson, de John Malkovich à Tilda Swinton en passant par Richard Jenkins. Tous sont au service d'un même ensemble, un imbroglio comico-pathétique absolument délectable, où l'intrigue policière tient debout mais ne prend jamais le pas sur l'envie de poilade des frangins. Ce Fargo en moins noir est un régal de tous les instants, une fantaisie qui tient au corps et donne envie de retrouver bien vite les Coen, aussi en forme et toujours plus inspirés. Longue vie à eux.
8/10

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