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Mi$e à prix

Par Alban Ravassard

Aujourd’hui je vous livre la critique de « Mi$e à prix », troisième long-métrage de Joe Carnahan qui a remporté le prix du jury et le prix de la critique internationale au festival du film policier de Cognac qui s’est déroulé il y a peu et qui était présidé par Claude Lelouch. Présentation.

 

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Synopsis : Stanley Locke, directeur adjoint du FBI, envoie ses meilleurs agents, Richard Messner et Donald Carruthers, à Lake Tahoe. Ils ont pour mission de retrouver Buddy "Aces" Israel, un magicien louche de Las Vegas, et de le protéger de Primo Sparazza, un gros bonnet de la Mafia dont on dit qu'il a fait assassiner plus de 130 personnes. Buddy a en effet promis de donner à la justice des preuves contre Sparazza afin de sauver sa propre peau, et la Mafia offre un million de dollars pour le faire disparaître. Peu importe qui fait le boulot, du moment qu'il est abattu rapidement. Attirés par l'argent, mercenaires, assassins et tueurs à gages de tous horizons débarquent à Lake Tahoe.

 

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Joe Carnahan. Ce nom ne vous dis peut-être pas grand-chose et pourtant, ce jeune réalisateur a été très remarqué pour avoir signé un film policier noir et poisseux qui a fait couler beaucoup d’encre à sa sortie : « Narc ». Inutile de préciser qu’il était alors attendu de pied ferme pour son prochain long-métrage. Et Carnahan, à défaut de combler ou de décevoir, divise. Mais une chose est sûre cependant, il confirme son talent. Certes, Mi$e à prix n’est pas très original et possède un point de départ plutôt commun : le FBI veut faire tomber un ponte de la mafia et cela grâce à un témoin à charge : Buddy « Aces » Israël, illusionniste s’étant reconverti dans le crime. Seul problème : la tête de Buddy est mise à prix à 1 million de dollars ce qui attire des mercenaires des quatre coins du pays.

 

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Après une entrée en scène « in medias res » (c’est à dire au milieu d’une action : ici une filature), Carnahan déverse des tonnes de dialogues et d’explications au contexte actuel ce qui peut être parfois déroutant vu la masse d’informations dispensées. Sans compter que pendant ce temps, Carnahan nous présente les futurs mercenaires tour à tour : il y a facilement de quoi se perdre. Mais contrairement à ce que l’on pourrait croire, l’exercice n’est pas bâclé et même plutôt réussi grâce à un montage intelligent qui passe d’un personnage à l’autre avec une grande fluidité. Une fois débarrassé de la mise en place de ce « background » Carnahan se concentre sur la présentation des divers personnages (pour la plupart des psychopathes) et s’attache à montrer le crescendo de violence qui monte lentement jusqu’à la croisée inévitable de leurs routes dans l’hôtel où est réfugié Buddy Israël.

 

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Aucun doute, c’est bel et bien la castagne et les fusillades qui intéressent ici Carnahan qui signe des scènes d’une belle énergie tout en continuant à mêler habilement le chemin des divers protagonistes ce qui est consolidé par un montage vraiment béton (probablement le meilleur atout du film par ailleurs). Dommage alors qu’il se sente obligé de déverser des pans entiers d’explications et de background divers parfois peu assimilables en début et fin de film (le twist final n’est qu’une demi-surprise et tombe tel un cheveu sur la soupe…). Mais malgré cela « Mi$e à prix » continue de surprendre et d’accrocher peut-être grâce à la spécificité et diversité des portraits de personnages dressés. Des personnages hauts en couleur à l’image de frères punks-nazis qui ne sont pas sans évoquer le trio nihiliste du formidable « The Big Lebowski » des frères Coen.

 

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Ajouter à cela un casting alléchant auquel on retrouve Ray Liotta, Ben Affleck (dans un contre-emploi relativement délectable : ça change), Andy Garcia, Ryan Reynolds, Jason Bateman ou encore la débutante Alicia Keys (véritable révélation du film) et vous obtenez la recette d’un assez bon succès. Petite note personnelle : certains critiques ont qualifié le film de « Tarantinesque » mais en quoi ? Je ne vois pas vraiment le rapport ici même si on remarque quelques points communs notamment l’influence des années 70 (oh tiens comme « Grindhouse » !) notamment au générique de fin. Mais pour moi la ressemblance s’arrête à peu près là.

 

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Mi$e à prix est assez ambitieux et bordélique du fait de sa structure de film choral d’action (assez inédit comme genre non ?). Mais le plaisir est au rendez-vous. Le film est sauvé par la grande rigueur de son montage et quelques bonnes idées de mise en scène. Si on prend en compte la superbe musique de Clint Mansell qui rajoute de la profondeur et une dimension humaine aux personnages dépeints parfois comme d’évidentes caricatures, on peut dire que le film s’impose tout de même comme une quasi-réussite. Il fallait le talent et la maîtrise de Carnahan pour pouvoir réussir à structurer un film aussi éparpillé. Alors certes, pas le film de l’année (loin de là) mais la confirmation qu’il faudra continuer à suivre le chemin de ce cinéaste en espérant qu’il ne débordera pas trop et retrouvera la veine de « Narc ».

 

Note : 3/5

 

Du bon spectacle avec des idées intéressantes et des portraits de personnages originaux. Le film brille surtout par son montage et la bande-originale de Clint Mansell qui culmine dans la scène finale. A découvrir donc.


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