Rintintin

1918. La France est en guerre. Dans un pays ressemblant comme deux gouttes d'eau au Far West, les soldats ont la vie dure : ils dorment douze heures par nuit et sont parfois (c'est affreux) contraints d'éplucher des patates. On sait enfin ce qu'est une guerre propre : pas le moindre cadavre, des feux d'artifices en guise de mines... C'est alors que débarque Rintintin, Rinty pour les intimes, dont les mille et une facéties vont donner du baume au coeur des pauvres militaires, notamment l'Américain Lee Duncan et le Français Gaston Gâteau (quel joli nom). Élevé en deux claquements de doigts par un gentil Allemand, Rintintin va bientôt devenir un héros, d'abord en tant qu'aide-infirmier, ensuite en sauvant un petit garçon et quelques gradés d'une avalanche apocalyptique. C'est beau.
Rintintin est une expérience unique, une leçon d'espoir et de tolérance qui doit absolument être partagée, un grand moment de chaleur et d'harmonie entre les hommes. À moins que ce ne soit un calvaire sans nom que même le millième degré ne parvient pas à faire passer. Ressemblant à un téléfilm bas de gamme, terriblement daté et ringard, Rintintin risque de faire passer Lassie pour du Godard. Interprété par un mannequin, réalisé par le producteur de Shark attack, c'est un ramassis de scènes consternantes qui ne séduira même pas les plus jeunes d'entre nous. Le degré d'incompétence des géniteurs de Rintintin est tel que les chiens n'y sont même pas mis en valeur, et les enfants risquent de trouver eux aussi le temps très long.
Signalons enfin aux parents qui envisagent malgré tout d'emmener leur progéniture voir Rintintin quelques-unes des scènes-clés du film. Celle où Rintintin triche au poker est formidable. Celle où il se déguise en chef de gare aussi. Et celle où il est raide bourré, pareil. Mais le plus mémorable, c'est la réplique qui vient conclure l'une des scènes les plus "comiques" du film : "on se croirait dans un film de Chaplin". On n'aurait pas dit mieux.
1/10