Les plages d'Agnès

La critique  

 

Miroirs magiques

 

« Si on ouvrait les gens on trouverait des paysages. Moi, si on m’ouvrait, on trouverait des plages ». A 80 ans, Agnès Varda nous invite sur les plages qui ont marqué sa vie de femme et de cinéaste. L’enfance, la fugue pour l’indépendance, l’arrivée à Paris, la découverte de la photo, le premier court-métrage, le premier enfant, la rencontre avec Jacques Demy, les longs-métrages, le voyage aux Etats-Unis, l’enfant avec Demy, la mort de Demy, Ciné Tamaris, l’exposition à la Fondation Cartier : tout y passe ! L’occasion idéale pour découvrir ou redécouvrir cette cinéaste qui a évolué parmi les plus grands de la Nouvelle Vague et marqué des générations de cinéphiles avec Cléo de 5 à 7, Sans toit ni loi, Les glaneurs et la glaneuse…Et au bord de l’eau, des souvenirs elle en glane Agnès Varda. Dans la salle, nous sommes confortablement installés et nous écoutons, comme des gosses, les histoires de cette bonne femme fantasque et attachante. Elle nous fait rire, elle nous amuse et aussi et surtout elle nous touche.

Faire sa propre autobiographie pour laisser une trace fidèle de ce que l’on a été, la cinéaste le fait sans complexes et on aurait tort de le lui reprocher. On est en effet à des kilomètres d’une démarche narcissique : Les plages d’Agnès transpirent le cinéma à chaque scène, chaque plan. Varda pose des miroirs sur une plage. Des miroirs vers les autres qu’elle a tant aimé rencontrer, filmer, connaître. Un miroir vers une période phare du cinéma. Un miroir vers elle-même, vers une femme qui a perdu son compagnon de rêve et de jeu. Un miroir vers la vie, qu’elle continue de savourer avec légèreté. Oubliez la linéarité, ce projet fourmille de bonnes idées de mise en scène et ne subit aucun temps mort. Entre extraits de films, balades sur le sable, photographies, mise en scène de souvenirs, conversations et autres archives : Varda livre le portrait d’une vie, sa vie, mais qui se révèle rapidement universel. A l’écran, elle marche à l’envers, elle recule, elle se souvient. Mais ce que l’on retiendra surtout, c’est que si Agnès Varda a bel et bien marqué le passé, elle marque aujourd’hui le présent avec ce témoignage cinéphile et familial aussi ludique que coloré, aussi sincère que touchant. Un véritable rayon de soleil.

 
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par cinetamaris