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Marc Zermati m'a écrit aujourd'hui

Publié le 25 décembre 2008 par Castor
C'est peut être insignifiant.
Marc Zermati m'a écrit aujourd'hui. Pas grand chose de fondamental. Quelques mots écrits en majuscule pour signifier son refus de ce que je lui demandais.
Ce n'est pas grave. L'essentiel est qu'il a pris quelques secondes pour rédiger quelques lignes. Et me les adresser. C'est con mais ça m'a fait plaisir.
Qui est cet homme?
Une légende, le "punk father" ... A force de lire les ouvrages et articles sur l'histoire du rock, j'ai l'impression de le connaître depuis toujours. En décembre 1972, il ouvre un magasin de disque, l'Open Market, un carrefour de la culture alternative, plaque tournante de ce que la capitale et le pays compte d'initiatives et de talents.
"L'Open Market est en passe de devenir le haut-lieu de la punkitude parisienne. Son directeur, le très habile Marc Z., a profité d'un voyage aux States pour rapporter tous les albums des Who en gravure américaine, quelques Kinks et des dizaines de curiosités punk (...). À Boston, Marc Z. est devenu ami avec les New York Dolls (et leur manager...). À Frisco, il a retrouvé les Flamin' Groovies (expulsés d'Angleterre après que leur guitariste, le délicieux Cyril Punk, eut poignardé un passant). Nous créons donc à l'Open un Fan Club des Groovies (écrire pour plus de renseignements)" (Rock ®Folk n° 76, mai 1973).
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MARC ZERMATI "C'était un lieu catalyseur où s'est retrouvée la poignée de mecs intéressants à Paris dans le domaine de la musique, de la création. On ne gagnait pas un rond. Cette boutique n'a jamais été rentable. Jamais. On a toujours tout bouffé. Il y avait plein de filles. Nico était souvent là- Elle cuisinait. C'était une espèce de fête perpétuelle... Je ne crois pas que l'Open Market était un lieu unique mais on y défendait une contre-culture, on distribuait beaucoup de choses interdites en France comme The Anarchîst Cookbook, la free-press comme Suck, un magazine porno underground, les premiers comix, Creem Magazine, etc. Peut-être que tout ça a fini par attirer les gens. L'Open Market était aussi devenu un lieu de rencontre international. Tous les groupes qui venaient à Paris savaient qu'il fallait venir à la boutique pour rencontrer des gens. Yves Adrien y bossait... "
Ces 2 extraits sont issus du livre de Christophe Quillien "génération Rock&Folk;" - Flammarion
Yves Adrien dont l'article je chante le rock électrique paru dans Rock&Folk; " annonce le punk et appelle à la renaissance de l'électricité et du plaisir instinctif retrouvé, à l'image de la nouvelle scène new-yorkaise que 'auteur affectionne et suit pour Rock& Folk (Stooges, Ramones, New-York Dolls, ...). Une figure unique était née ... cele d'Yves Adrien, rock critique mystique, dandy "sonique", éclaireur esthétique ... soit le secret le mieux gardé de la littérature" selon Denis Roulleau dans son excellent Dictionnaire raisonné de la littérature Rock (Scali).
En 1976, il est promoteur du festival punk de Mont de Marsan. L'année suivante l'évenement attire 4 000 personnes avec parmi les groupes Patrick Eudeline et Asphalt Jungle,The Police avec encore le français Henri Padovani, Little Bob Story, Dr Feelgood, Bijou et ... les Clash.
Il fonde la label indépendant Skydog en 1973 et en 1976 signe les MC5 avec "Thunder Express " et le live mythique d'Iggy & The Stooges METALLIC K.O, celui avec le bruit des bouteilles de bières qui éclatent sur la grille métallique qui protège le groupe de la foule surexcitée.
Derrière Mont-de-Marsan, on retrouve évidement Marc Zermati, secondé par Pierre Thieulay. Zermati, aguerri par l'organisation de toute une série de concerts parisiens, Duck Deluxe, Dr Feelgood, ou son groupe fétiche les Flamin' Groovies (avec en première partie une jeune Américaine inconnue débarquée à l'Open quelques mois plus tôt, Chrissie Hynde), s'est lancé dans ce gros coup.
En lisant Creem, édité sur du papier journal à Détroit, Michigan, au cœur du Middle West, Yves découvre les articles du critique américain Lester Bangs. Adrien a aussi et, surtout, fait au printemps une rencontre déterminante, celle de Marc Zermati. Ancien pilier de la bande du Drugstore, devenu familier de celle de la Coupole et du groupe Mandala, Zermati s'impose, a cette époque, comme le meilleur importateur de labelles interdits et de bootlegs divers. Il vient de créer le label Skydog avec Peter Meulenbrocks. Leur premier disque - Sky High - est un enregistrement mythique réunissant Jimi Hendrix, Jim Morrison et Johnny Winter. Les obsessions de Zermati - le Velvet underground, Iggy Pop ou les Flamin' Groovies - ne séduisent pour l'heure qu'une poignée d'initiés. Passeur émérite et passionné, bouillonnant et râleur, Marc Z. a investi une boutique de la rue du Roule. Les responsables du lieu lui ont accordé un petit espace pour vendre ses disques avant de lui confier les clés de la maison.
Ces 2 extraits sont issus du livre "l'esprit des seventies" d'Alexis Bernier et François Buot (Grasset)
Il produit Johnny Thunders dont le portrait figure dans le recueil Poussières d'anges de la romancière Ann Scott sous le titre Retour à Pigalle.
Thunders, l'homme ébouriffé sur la page d'accueil du site du concours de nouvelles Rock.
Marc Zermati m'a écrit aujourd'hui. "MERCI TOUT DE MEME MAIS JE NE FAIS PAS PARTI DE VOTRE MICROCOSME". C'est peut être insignifiant.
L'essentiel est qu'il a pris quelques secondes pour rédiger quelques lignes. Et me les adresser. C'est con mais ça m'a fait plaisir.

MARC ZERMATI ::: Mod'father
envoyé par Gonzai_mag
Interview le 05/12/08 à Rennes
"Rock is my life" : exposition de la collection privée de Marc Zermati jusqu'au 4 janvier 2009 A la Galerie Chappe 4 rue André Barsacq - 75018 Paris.

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