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Mélancolie des fêtes

Publié le 27 décembre 2008 par Jcgbb

On veut que les sentiments opposés soient éloignés dans le temps comme ils le sont par leur signification. On s’imagine des périodes tristes succédant aux moments heureux au moyen de longues transitions entamant progressivement la vivacité des émotions ou les plaisirs du souvenir. La logique gouverne-t-elle pourtant les sentiments ? Ou ceux-ci obéissent-ils à d’autres lois de succession ?

Ces descriptions idéalisées, séparant les opposés, gravées dans les mœurs et figées par le langage, ne rendent pas compte des caprices du cœur. Ne les remarque-t-on pas, ces contrariétés sentimentales, surgir les unes à côté des autres, sourdes aux conventions, indifférentes aux prescriptions ? Ces promiscuités étonnantes surviennent souvent au moment des fêtes, lorsque la joie est attendue et que la tristesse s’en fait l’insinuante compagne.

Au-delà des contraintes du sentiment, des impératifs de gaieté et d’exubérance forcée qui pèsent sur les affects et gênent les libres fantaisies du sentiment, il faut compter avec les retombées amères de l’allégresse, avec les ombres qu’elle projette sur l’ordinaire qui, par contraste, paraît morne quand il ne devient pas odieux. Tels sont les fréquents effets de ces artifices naïfs et tapageurs qui annoncent et encombrent les fêtes.

Si bien que les joies grossièrement vantées, que les grands moments anticipés, d’exception et d’allégresse, sont davantage des philtres de tristesse, des philtres, comme dit Nietzsche, empoisonnés et sucrés.

Joyeuses fêtes !


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