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Aigues mortes, une ville de roi (1)

Par Elisabeth Leroy

Un Roi de France désirait un port sur la Méditerranée et surtout un port indépendant des puissances financières et commerciales de l'époque. Saint Gilles était trop à l'intérieur des terres, Sète ne naîtra qu'après 1660, d'autres sites sont écartés... Voilà Louis IX troquant avec les moines de Psalmody le petit havre contre une terre au pied des murs de Sommières.

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On n'attendra pas la rédaction des actes officiels pour commencer les travaux de la ville et surtout les aménagements du port. Il semble en fait que ce port se trouvait dans l'actuel Etang de la Ville et ne pouvait accueillir que des bâtiments de faible tirant d'eau. Ainsi, lorsque Saint Louis s'y embarqua pour la croisade en 1248, il dut d'abord traverser l'Etang de La Marette et suivre ensuite le Canal Viel pour arriver enfin au Grau Louis, près de l'actuel Boucanet. Là, au large, attendaient les navires de haut-bord. Le port d'Aigues Mortes était loin d'être une rade et pourtant une croisade plus modeste, celle de Thibaut IV, y avait vu son point de départ en 1239.

La forteresse et sa tour s'achevèrent après le départ du roi Louis, mais la ville était à peine terminée et toujours sans enceinte lorsqu'il s'y embarqua à nouveau le 3 juillet 1270 avec 60 000 croisés. Son fils et successeur, Philippe le Hardi, en conclut la construction deux ans plus tard, avec l'entrepreneur Boccanégra. A la mort de cet Italien, le travail fut un temps arrêté mais se termina toutefois avec le siècle.

Le grand quadrilatère et ses tours restent le type même de l'architecture militaire de ces temps : avec des influences arabes puisqu'on dit qu'il a été calqué sur les plans de Damiette.

Certains veulent que ses pierres à bossages soient venues de Beaucaire par le Rhône. Sans doute leur bel aspect convenait-il à des lieux qui se voulaient résidence royale. Pourtant, dès 1307, c'est en prison qu'allait se convertir la Tour de Constance : d'abord pour 45 templiers qui devaient périr un peu plus tard sur les bûchers d'Alès... Des princes royaux y furent aussi incarcérés pour haute trahison, puis des magistrats catholiques, des femmes et des hommes protestants et même, après Waterloo, les officiers de la garnison de la ville surprise par les troupes royales.

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Quant à la tour d'angle du sud ouest, elle servit de charnier après la honteuse reddition de Louis de Malepue et la reprise de la ville à ces Bourguignons que l'on sala à l'intérieur comme de vulgaires jambons, au début de l'année 1421. Il en reste l'immortelle histoire et le petit refrain : Bourguignon salé, L'épée de côté, La barbe au menton ... Saute Bourguignon.


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