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Aigues mortes, une ville de roi (2)

Par Elisabeth Leroy

Aigues mortes entrée.jpgVille marchande autant que militaire et surtout véritable entrepôt international, Aigues Mortes tiendra une importante place jusqu'au début du XIVè siècle.

Le sel, les étoffes, les épices, les céréales paieront les murs et nourriront les habitants. Puis les ensablements successifs et coûteux, les razzias barbaresques et autres coups du sort auront raison de sa prospérité avant que le port marseillais, devenu français en 1481, ne lui porte l'estocade finale.

On aura beau rapporcher le port de la ville, creuser un chenal plus rapide que le Canal Viel, rien n'y fera. Jacques Coeur n'aura là le mouillage de ses nefs qu'une brève période et les marchands italiens revenus n'y resteront pas.

D'autant plus que les grandes épidémies trouvent dans les palus un terrain de prédilection. Enfin, les Guerres de Religion rendront peu sûre la contrée...

Pourtant, en juillet 1538, la cité royale renoue avec l'accueil des souverains : Charles Quint et François 1er y signent un traité de paix.

Restant la ville du sel, Aigues Mortes sera aussi une place de sécurité pour les calvinistes. Ils y ont la Tour Carbonnière et le Fort de Peccai outre la charge de la ville ... Jusqu'à ce que Louis XIII vienne l'assiéger en 1622... On connaît la suite, la révocation de l'Edit de Nantes, l'évasion de Mazel, l'histoire de Marie Durand et le "résister" gravé sur la margelle du puits du cachot .. Oubliée !

Dès lors, il peut sembler que l'histoire d'Aigues Mortes se résume à celle de sa tour-prison. Pourtant, l'histoire tout court laissera ici quelques péripéties piquantes et quelques victimes avec la Révolution et ses suites. A plusieurs reprises, on tente de réhabiliter le port avec parfois un bref succès, on rectifie le chenal maritime du Grau du Roi en 1845 ... Mais le chemin de fer gagnera définitivement la partie. Quelques écrivains de passage s'extasient sur les remparts dont Chateaubriand en 1838.. D'autres voient lentement mourir ... "Au bord d'une eau stationnaire, Aigues Mortes aux vingt tours, la ville poitrinaire..."

Aigues Mortes Notre Dame des Sablons.jpg
C'est un lieu que l'on oublie ... que l'on dit maudit et hors de tout car on y massacre même de pauvres ouvriers italiens le 16 août 1893. Mais elle n'en est pas moins devenue cité agricole et son destin s'est définitivement lié à la production du sel. Aujourd'hui, c'est tout au long de l'année que les touristes visitent la ville où, immortalisé par Pradier, Saint Louis est debout sous les platanes de la place. Pas très loin sont tous les hauts lieux qui racontent le cours du temps : Notre Dame des Sablons qui n'était pas encore achevée lorsque le roi s'y recueillit avant son départ pour la 7ème croisade, les chapelles des pénitents blancs et gris, l'ancien couvent des Capucins, l'hôtel du Gouverneur et tout cela gardé par les remparts, les tours, les créneaux .. Et puis la formidable présence de cette forteresse au beau nom de Constance.

Quelques chiffres : l'enceinte développe environ 1 600 m de remparts sur une hauteur de 7 à 11 m et pour une épaisseur à la base de 3 m. Elle est flanquée de 15 tours construites sur des plans différents, tours d'angle, tours jumelles... On y accède par 16 escaliers. La Tour de Constance dépasse les 34 m de hauteur et le phare qui la domine y rajoute ses 17 m. Son diamètre extérieur est de 22 m et ses murs ont une épaisseur de 6 m.


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