Cinéaste un peu foufou, Paolo Sorrentino s'était distingué jusque là par sa capacité à mettre en scène de façon originale des sujets pas forcément passionnants, quitte à s'embourber parfois côté narration. C'est avec une infinie curiosité que l'on découvre Il divo, première vraie occasion pour lui de s'essayer à un sujet dit sérieux : une sorte de biographie politique, le portrait d'un homme ayant fait la pluie et le beau temps (surtout la pluie) en Italie pendant le demi-siècle passé.
Le style Sorrentino n'a pas bougé d'un iota : une idée par plan, souvent bonne d'ailleurs, un refus quasi systématique du champ - contrechamp, un milliard de techniques destinées à éviter que le récit ne devienne trop linéaire. Autant le dire clairement : ce qui marchait plutôt bien dans des films "légers" semble un peu plus lourd ici. Difficile lorsqu'on n'est pas un spécialiste de la politique italienne de suivre le rythme du metteur en scène, qui nous inonde de noms, de références, de voix off et de digressions.
Dès lors, il convient de se désintéresser de ce qui se rapporte à l'Italie, et de ne se concentrer que sur l'essentiel : le portrait au vitriol de Giulio Andreotti. Une sorte de Droopy derrière lequel se cachent un menteur de première et un féroce stratège. Tony Servillo en fait un formidable personnage de cinéma, aussi drôle que cynique. Ses monologues sont de vrais délices. Tout comme, d'ailleurs, la mise en scène de Sorrentino, qui ne sert pas la compréhension du film mais lui insuffle une réelle énergie et un côté ludique inappropriés mais permettant de tromper allègrement l'ennui qui guette.
6/10
(également publié sur Écran Large)