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(re)Trouver le ton

Publié le 03 janvier 2009 par Menear
Je suis en retard sur mes propres plannings intérieurs. Le fait de n'avoir pas tapé la moindre ligne de fiction depuis trois semaines n'y est pas étranger. J'ai perdu le rythme. Perdu l'habitude drastique de me mettre au clavier et de poursuivre le travail des jours d'avant. S'y replonger maintenant que la période des fêtes est terminée et les vacances avec.


Je reprends Histamine où je l'avais laissé, c'est à dire nulle part. Nouvelle censée démarrer en décembre, finalement lentement repoussée à janvier. Je n'ai plus qu'un mois, jour pour jour, avant d'atteindre ma deadline imposée. C'était aussi mon choix de me confronter à une logique de délais resserré, voir si cette ligne artificielle pouvait me booster, à moi d'assumer à présent, même si je sais par expérience qu'un mois, écriture, relecture et réécriture mêlées, c'est un peu juste, même pour un texte court.
Reprendre le rythme et retrouver le ton, également. Histamine empruntant un personnage de Sous l'ecchymose (Cette mort), il m'est capital de pouvoir retrouver son timbre. Détail d'autant plus important qu'il s'agit de la narratrice du texte, tout est donc filtré par ses mots.
Première tentative (infructueuse) ce matin de me replonger dans cet univers là mais quelque chose ne glisse pas comme ça le devrait, extrait à l'appui, un peu comme si les mots, les sons, étaient tous dispersés dans le désordre, une impression de langage étranger dont on n'aurait que quelques notions seulement.
Son thorax en rythme sec mime une respiration de nuit. Sa peau se soulève, le drap collé par la sueur contre les reflux du corps. L'œil parfait de l'âge où il n'arrive rien. La rosée aux commissures coule parfois jusqu'à la gorge découverte. Les clavicules drainées sous les épaules, ces vas et viens de synthèse qu'il caresse sans vouloir, les halètements du torse qui ramènent vers lui la douceur du sommeil. Qui ramènent vers lui la douceur du sommeil. Qui ramènent vers lui la...
Je me répète ces mots qui s'écoulent de ma tête, mon rythme cardiaque moulé sur le sien. Je n'ai rien pour les conserver, ces mots qui déjà se faufilent. Je n'ai rien. Je brusque ma mémoire pour les garder contre moi, le temps que cela pourra durer, le temps qu'il m'est accordé pour... Ce temps là déjà en sursis. Et moi avec.
Cela ne fonctionne pas. La narratrice n'y est pas, elle n'existe que par intermittence. Moi non plus, je n'y suis pas. Je me jette là-dedans au hasard de mes obligations du moment. Je dois reprendre le texte de zéro, cette fois plaqué sur ce schéma d'instant tracé entre les pages du cahier jaune (anciennement bleu, anciennement vert) :
L'observation du corps. Le temps qui bat. La sueur sur la vitre. La nuit. Le seringue histaminée. Les cloques sous la peau. La lune incomplète. L'anticipation du lendemain (incomplète). Les démangeaisons : les bribes d'instant qu'on essaye de fixer. Le temps qui bat. La sueur sur la vitre. Les cloques, les plaques sur la peau. La lune incomplète. Les démangeaisons. L'attente du sommeil. Un contact timide.
Relire aussi cette lettre reçue suite au refus d'Ochracé l'été dernier, relire la phrase la nouvelle est-elle une forme littéraire qui vous est familière ? Enregistrer les lacunes précédentes, s'arranger pour les corriger. Se forcer à faire simple, net, précis. Se restreindre à cet instant là, ne pas chercher plus loin. Rester dans l'esquisse d'un moment qui n'excède pas dix minutes. Se retenir d'aller ailleurs. Trancher net dans les phrases, les mots, les non-dits. Traquer l'économie. Un concentré. Faire simple.

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