Magazine Culture

Sarkozy chez Bush : « french loving » aux Etas-Unis…

Publié le 11 août 2007 par Danielriot - Www.relatio-Europe.com

DECRYPTAGE RELATIO par Daniel RIOT : Une affaire d’images, bien sûr et d’abord. Mais qui y gagne le plus ? Sarkozy ou Bush ?  A chaud, les deux ont de bonnes raisons de sourire de leur bon coup médiatique : qui parlait de « vacances présidentielles » ? Le président digne de ce nom n’est  jamais « vacant »…

Sarkozy montre qu’il est « pris au sérieux » par le « patron du monde »…C'est important pour lui et vis-à-vis de ses partenaires européens qui se demandent toujours qui il est vraiment. N’est-il pas après Poutine, le seul chef d’Etat étranger à être reçu dans ce lieu de résidence familiale des Bush ? Et n’a-t-il pas là une belle occasion de  soigner son image de star à l’américaine, de « Kennedy français », « président moderne » ? Même « l’angine blanche » par lui donnée à Cécilia qui n’a pu se rendre à l’invitation de Madame Bush fait le bonheur des échotiers…

Les correspondants de Relatio aux Etats-Unis sont formels : « Sarkonapoléon » fait sourire avec « son anglais approximatif », irrite (notamment les journalistes) par son style de « poeple qui se croit tout permis » quand il fait évacuer des photographes dûment accrédités, amuse par son coté « cabotin qui adore les gens du gratin », se fait moquer pour ses "gouts de milliardaire" et sa fascination un peu naive du "rêve américain"…Mais il y a un « phénomène Sarko » outre-atlantique. Ephémère ou durable?

« Un Américain à Paris », avait titré le New York Sun après son élection. Pour cause : son image de fils d'immigré qui accède à la présidence, son insistance sur le travail, son dédain pour les « intellos », ses photos en jogger,  sa religion du succès, son amour proclamé pour Hemingway,  Steve McQueen, Tom Cruise,  Sylvester Stallone, son réalisme, son franc-parler, son gout du dialogue,  son art de jouer sur tous les clavier de la « com’ » et ses professions de foi dignes de la Fayette sur l’amitié entre la France et les Etats-Unis en font un « américano-compatible »… New York Times le dit et le redit. L'hebdomadaire US World & News Report décrit un homme « confiant, exubérant, dynamique. En un mot, moderne ». Le mensuel Vanity Fair l'a placé dans sa liste des personnes les mieux habillées du monde (il était en jean, aujourd’hui, précisent les gazettes).

Le comble, c’est en peu de temps les esprits américains vis-à-vis des Français ont changé. Nos correspondants confirment des échos publiés dans Le Monde, le Figaro et ailleurs : on est passé du « french bashing » au « french loving », des déclarations critiques aux chants d’amour. Le « modèle français » n’est plus, subitement, un anti-modèle. C’est beau, l’Amérique versatile qui sait toujours exhiber des réactions d’enfants…

Chez les démocrates, on apprécie son « esprit d’ouverture » : Kouchner au gouvernement, Strauss-Kahn candidat au FMI ? Inconcevable à Washington. « Une vraie révolution »

Chez les républicains, on se met à reprendre espoir. Sarkozy, on l’aime, non seulement parce qu’il fait oublier le « grincheux arrogant » Chirac, mais parce qu’il incarne un miracle que le parti de Bush aimerait bien voir se produire en 2008 : Il a gagné les Présidentielles en persuadant les électeurs que « voter pour le changement, c’est voter pour le parti au pouvoir ! » Il fallait le faire, oui. Mais il avait en face de lui un PS qui n’a rien à voir avec le parti démocrate….

Peu importe :  « La Maison-Blanche est certainement euphorique », confie, au Figaro, Phil Gordon, analyste des relations américano-européennes à la Brookings Institution. « Vous vous rendez compte ? À un moment où ils ont l'impression que plus personne ne les aime, le président d'un pays réputé anti-américain vient ostensiblement passer ses vacances aux États-Unis... ». Et il accepte une invitation à déjeuner, en « privé et en famille », avec un Bush finissant en quête de nouveaux soutiens pour terminer son mandat. Une invitation que Chirac en son temps avait décliné.

« Sarkozy ne sera jamais aussi bon et sûr pour les Etats-Unis que Tony Blair, mais pour les Républicains américains son sourire rayonnant de sympathie est plus précieux qu’un soutien anglais acquis d’avance », souligne l’une de nos correspondantes aux USA. 

« Il est sûr aussi que les responsables politiques ont beaucoup d’estime pour son  conseiller diplomatique Jean-David Levitte, l'ancien ambassadeur français, qui fut une des coqueluches des cercles politiques de Washington. Et Sarkozy a une chance : les Américains sont nettement moins unilatéralistes que voilà quelques années : l’Irak a tout de même servi de leçon, même si cela ne se voit guère dans les discours bushiens sur l’Iran »

Inutile de spéculer sur ce sur ce sur les  deux Présidents ont pu se dire entre hot-dogs et hamburgers (qui a parlé de homard ?) De toutes façons, d’autres rencontres sont déjà programmées. Du 23 au 26 septembre, le président français se rendra à New-York pour l'Assemblée générale des Nations unies et, « quelques semaines plus tard », il effectuera une visite à bilatérale à Washington.

Daniel RIOT


Retour à La Une de Logo Paperblog