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« Les Portes de l’Enfer » de Laurent Gaudé

Publié le 07 janvier 2009 par Sheumas

Au cours de ces vacances, j'ai eu l'occasion de lire le dernier roman de Laurent Gaudé, auteur dont j'apprécie vivement l'univers. J'avais été ébloui par la force épique de " la Mort du roi Tsongor " ou la puissance d'évocation du " Soleil des Scorta "... Je n'ai donc pas manqué le rendez-vous avec " les Portes de l'enfer "...

Le thème m'a interpellé et je l'ai abordé avec une certaine hésitation, on le comprendra étant donné le drame familial qui nous a touchés au moment de la disparition de Guillaume...

Dans les rues de Naples, Matteo perd son fils de six ans dans une fusillade qui met aux prises des membres de la mafia locale. Ignoble réalité des hommes qui rattrape le chemin d'insouciance de l'enfant... Le père et la mère sont évidemment ravagés. Jusqu'au moment où Matteo trouve le moyen d'accéder aux portes de l'enfer et de retrouver le fils disparu. Merveilleuse aventure qui ramène l'esprit au vieux mythe d'Orphée et aux songeries sur la possibilité d'une résurrection.

Difficile de suivre cet itinéraire initiatique dans les couloirs de la mort. Le lecteur a parfois du mal à y croire. Trop d'artifice, de mythologie, de rêve ou de légende pour s'accorder le visa en même temps que la lecture...

Mais il est des heures où lire devient un acte de prière... Prier, c'est à dire épouser la douleur du couple, l'hébétude et le vertige du désespoir, la volonté désordonnée d'agir pour réparer l'irréparable, la déambulation aux frontières de la vie et du rêve dans cette zone intermédiaire où l'on acquiert le sentiment que ce qui se joue sous nos yeux n'a peut être pas le sens qu'on lui attribue dans la réalité, l'inquiétante impression de l'évanouissement.

Après l'épisode de l'enfer, le miracle se produit, le fils absent revient parmi les vivants. Il revient et accomplit la vengeance. Accomplit la promesse qu'il a faite à son père. Retrouve la figure désincarnée de la mère... Ces pages sont d'une rare intensité. Elles disent, au delà de l'histoire et des personnages, la douleur de l'absence, la détresse et l'égarement de l'abandon, l'instinct de survie et la mémoire du corps. Elles réalisent admirablement pour le lecteur ce que Laurent Gaudé écrit en dernière page à propos de son roman : " J'ai écrit ce livre pour mes morts. Les hommes et les femmes dont la fréquentation a fait de moi ce que je suis (...) "

« Les Portes de l’Enfer » de Laurent Gaudé
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