Intelligence

Lors de l'invasion de la Géorgie par la Russie, Nicolas Sarkozy s'est attribué le mérite d'un cessez-le-feu décidé par le Président Medvedev avant son départ de Paris. Ses éminentes qualités de négociateur n'ont pas assuré un retrait des forces russes dans les délais prescrits, n'ont pu empêcher que les observateurs européens soient conduits à abandonner une mission contrariée par les autorités russes et ont consacré la sécession de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud.
Encouragé par cette action d'éclat, frustré de ne plus présider le Conseil européen, dans son immense appétit pour la politique internationale, notre Président n'a pas craint, en ce début d'année, d'exercer son talent pour s'attaquer à la résolution d' un conflit vieux de soixante ans. Avec un sens tactique remarquable, il a pris la route en déclarant que l'une des deux parties était responsable de cette offensive. Quelle subtilité, quel sens de la négociation, j'en demeure pantois !
Si l'on n'est pas encore parvenu à donner une définition satisfaisante de l'intelligence, on s'accorde cependant à considérer qu'une preuve d'intelligence est la faculté de connaître ses limites. Au vu de ce qui précède, je vous laisse le soin de conclure sur les capacités de notre Président.
Dans le même ordre d'idées, je ne résiste pas au plaisir de vous livrer quelques extraits d'un billet de Robert Solé dans le Monde daté du 3 janvier, où il imagine ce que pourrait écrire notre Président à son successeur à la tête du Conseil européen : " Mon cher Mirek, [...] Tu n'as pas de chance. [...] le sort a voulu que tu viennes après moi, qui ai changé l'Europe, et peut-être le monde. [...] Mais tu peux compter sur mon aide. Lundi, je pars au Proche-Orient régler la question israélo-arabe. A mon retour, je prendrai plusieurs initiatives pour mettre fin à la crise économique mondiale. [...] ".
Le plus navrant, c'est que ses zélateurs et lui-même en sont persuadés.