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Che - 1Ère partie : l'argentin

Par Rob Gordon
Che - 1Ère partie : l'argentinOn ne sait plus trop s'il faut dire de Steven Soderbergh qu'il aime multiplier les expériences fondamentalement différentes ou si c'est juste un type incohérent et opportuniste. Sa filmo part dans tellement de directions qu'au fil des années il est devenu parfaitement impossible d'évoquer son style ou ses thèmes de prédilection. Il convient donc de parler de ses films comme des oeuvres uniques, sans chercher à les relier à sa filmographie. Par conséquent, il semble suffisant d'affirmer que cette première partie du diptyque Che est juste un très bon film, intense et pénétrant, atypique et frappé du sceau de l'intelligence.
Le choix du titre Che était inévitable mais pas vraiment à propos : il ne s'agit pas d'un biopic du révolutionnaire, pas plus que d'un portrait, mais d'un film centré tout entier sur la révolution. Où elle trouve sa source, comment elle se développe, comment elle est perçus par ceux qui la font et ceux qui la vivent. Premier acteur et observateur : Ernesto "Che" Guevara, médecin argentin, que Soderbergh a choisi de désacraliser sans pour autant s'attaquer à lui. Que voit-on de cet homme ? Qu'il attache une énorme importance aux principes, à l'instruction et aux relations humaines. Point final. Les faits importent peu au réalisateur, qui multiplie les ellipses et relate peu d'évènements précis pour mieux s'attacher au ressenti et à l'énonciation de vérités fortes sur la révolution. On nage quelque part entre Last days (pour le détournement d'un mythe au service d'une approche naturaliste) et Gomorra (pour le refus des stéréotypes et de la grandiloquence).
Car la révolution selon le Che n'a rien de réellement passionnant. Elle est essentiellement faite d'attente, de tours de garde, de rigueur et de déceptions. Ce n'est pas un déferlement incessant de fusillades, d'aventures échevelées et de montées d'adrénaline. Guevara est porté par l'amour, comme il l'affirme dans le film, et par une idéologie, qu'il ne martèle pas à tout bout de champ mais qu'on sent présente à chaque instant, et toujours plus importante que les stratégies militaires. D'où un film au rythme très étrange, qui pourrait être ennuyeux mais qui parvient à se faire hypnotique. Deux heures durant, on fait corps avec le Che, excellemment incarné par un Benicio del Toro qui n'a pas volé son prix cannois. Quand il finit par quitter la ville de Santa Clara au terme d'une victoire éclatante, on le laisse le coeur serré à l'idée de ne le retrouver que trois semaines plus tard, dans un Guerilla qui s'annonce explosif.
8/10
(autre critique sur Les critiques clunysiennes)

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