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Trois corps en avant

Par Damien Besançon

Faites comme nous l'expérience : en trois jours, visionnez successivement Vers le sud, Manderlay et Tartina City. Au centre de chacun des métrages vous verrez surgir un corps, qui, à sa manière, emporte tout sur son passage ; pas étonnant qu'une indication géographique se trouve dans les trois titres. Dans l'ordre, Legba, qui venait d'avoir dix-huit ans, fait commerce de ses charmes haïtiens jusqu'à créer autour de lui les élements d'une tragédie antique. Timothy, fraîchement affranchi, fait planer très longtemps le doute sur son origine ethnique précise, la nuance étant à la lettre près (munsi et mansi sont sur un bateau). Koulbou enfin, amateur de mort et de bulles de savon, pratique une culture physique qui dénote quelque peu avec ses exactions commises sur des prisonniers à qui son inventivité dans la torture fait regretter toute existence matérielle. Pour eux tous, la charge sexuelle est tantôt une marchandise, tantôt un malentendu, tantôt le fruit du pouvoir. Est-ce un signe si, à la fin, ces trois corps sont rudoyés (par le plomb, par l'eau, par le cuir) ? Pour diverses raisons, l'energie qu'ils dégagent ne peut pas être contenue par l'environnement qui les entoure. Et même si à leurs atours s'ajoute une clairvoyance et une ruse non négligeables, la façon qu'ils ont de tomber est d'aller trop loin, de prendre des risques : par faiblesse, par cupidité ou par perversion.Figures mémorables, en tout cas, sous un soleil abrutissant : l'une envoûtante, l'autre troublante et la dernière terrifiante.

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