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La grosse, Françoise Lefèvre

Publié le 18 janvier 2009 par Antigone

la_grosse"L'amour qu'on vit n'est jamais celui qu'on attend"

Céline Rabouillot est devenue garde-barrière. Pour elle, dans cette petite maison de campagne qu'on lui alloue, loin de tout, tout est synonyme de liberté. Enfin, elle a trouvé un lieu où elle peut rêver à son amour perdu, oublier son enfant disparu, et se cacher. Car Céline est grosse, très grosse, si grosse que pour les autres, sa simple vue semble être une offense. Pourtant, Céline est belle, mais peu le voient, seulement ce vieil homme qu'elle entoure de ses soins, Anatolis, et puis aussi Sylvestre et Noémie, dont elle s'occupe si bien.

Ce petit livre est un poème. Que vous dire de plus ? Nous entrons avec les mots de Françoise Lefèvre dans un univers de sensations qu'on ne refermera qu'à regrets au terme des pages tournées.
Beaucoup d'images me sont venues à l'esprit pendant ma lecture, très colorées, poétiques ou romanesques. Il y eut même quelques paysages russes, froids, des rues de Paris, l'hiver, l'été, la chaleur, le bruit des oiseaux, le silence... Et puis, j'ai pensé aux personnages de Botero, à leur grâce particulière, et je me suis dit que ce roman c'était ça, ce mélange, et au milieu une femme rousse, belle, grosse, qui sublime le présent et étreint - un peu, beaucoup - le coeur.

botero

Les premières lignes...
" et s'il fallait un commencement, on pourrait dire que rien ne prédestinait Céline Rabouillot à devenir garde-barrière. Il paraît que c'est la vie. Un jour on se retrouve dans une de ces maisons minuscules, isolées tout au bord de la voie ferrée, avec la responsabilité de lever et d'abaisser la barrière quand passent les trains. Les gens croient qu'on est là depuis toujours. D'ailleurs, ils ne se posent pas la question en franchissant le passage à niveau que Céline vient de leur ouvrir. Personne ne vous pose de questions. Personne ne vous demande rien. Jamais. Juste ils disent : "Tu as vu la grosse ?" D'une certaine façon, on est là depuis une éternité, puisque depuis une éternité on répète des gestes simples. Inlassablement. Chaque jour. Aux mêmes heures. On est une grosse garde-barrière. Immobile. Figée dans le temps. Lente si lente. Une lenteur de vaisseau. On est là, statue de Pâques face à l'horizon. Statue de sel aux portes de Sodome. Femme pétrifiée dans la lave du Vésuve. Garde-barrière dans un musée de cire. Coulée dans la cire. Cire perdue. Rejetée. Laissée pour compte."

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Note de lecture : 4.5/5

Cette lecture est un

livrevoyageur
en provenance de Chez Florinette !! Merci pour le prêt !


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