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Everything is fine (tout est parfait)

Par Rob Gordon
Everything is fine (tout est parfait)Non, tout n'est pas parfait dans la vie du jeune Josh : quatre de ses amis viennent de se suicider, l'air de rien, sans prévenir. On comprend bien dès lors que le film d'Yves Christian Fournier n'a rien d'une comédie, que c'est un abime de déprime qui ne laissera pas beaucoup d'air au spectateur. Everything is fine décrit pendant près de deux heures le malaise enveloppant Josh. Les vaines séances de psychanalyse, les moments de répit, l'abandon : Fournier ne néglige aucune piste et explore en profondeur les thèmes inhérents à ce genre de sujet.
Moins glauque qu'un film comme Better things (à venir sur nos écrans), qui sur une trame voisine se complaît dans des gros plans léthargiques sur jeunes drogués, Everything is fine n'est pourtant pas exempt d'un certain sens de la manipulation et du cliché. Si l'image est souvent magnifique, aussi claire que le film est sombre, le réalisateur n'évite pas toujours le ridicule en filmant les personnages avec une sorte de fausse compassion un peu déplacée. Ce qui coince tout particulièrement, c'est quand il utilise le suicide comme un moyen de créer le suspense, de faire hoqueter un spectateur qui ne peut que marcher devant l'immédiateté de ce qui lui est montré, mais se fait en fait maniupuler en beauté. Cela a beau être une oeuvre relativement confidentielle, on a parfois l'impression de se trouver face à une bête machine commerciale faite pour vendre des albums de chansons tristes (pas mal, les chansons, d'ailleurs) au lieu de faire du cinéma et de raconter une histoire. C'est quand le film se décolle un peu de son opbsession du 100% déprime qu'il est le meilleur, avec notamment quelques scènes non dénuées d'humour, qui ne rafraichissent que légèrement l'ambiance mais respirent tout à coup la sincérité. À ce cinéma-là, on pourra préférer celui de Larry Clark, certes plus trash mais finalement moins manipulateur, qui radiographie les tourments adolescents avec une vraie finesse. À côté d'un Ken Park, Everything is fine ne fait décidément pas le poids.
4/10
(autre critique sur Tadah ! Blog)

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