Magazine Cuisine & Santé

Bien lire pour bien manger

Par Marieclaude

Nous disposons d’une arme précieuse dans la guerre à la malbouffe: le tableau obligatoire de la valeur nutritive

Ça coûte cher de mal manger. Les aliments qui rendent malade imposent une dépense de 6,6 milliards de dollars par année, dont 1,8 milliard en coûts directs pour soins de santé, estime Santé Canada. Il fallait trouver le moyen d’orienter le consommateur vers des produits alimentaires plus sains. L’une des trouvailles de Santé Canada : rendre obligatoire un tableau uniformisé de la valeur nutritive sur toutes les étiquettes des produits alimentaires préemballés au pays. C’est chose faite depuis décembre 2005. Après tout, c’est par le biais de l’étiquette que fabricant et consommateur se parlent…
Ce serait trop beau s’il n’y avait pas d’exceptions, c’est-à-dire les petits transformateurs, qui profitent d’un sursis jusqu’en décembre 2007, les produits transformés vendus sur place, les produits frais (fruits, légumes, viandes, volailles et poissons crus, sauf les viandes et volailles hachées), les boissons alcooliques et, enfin, les portions individuelles à manger tout de suite. Sans compter les nombreux retardataires, comme en fait foi un rapide survol à l’épicerie… En 30 minutes, au hasard, nous avons repéré 25 étiquettes non conformes ou illégales ! Pourcentages absents sur des trempettes populaires, aucun tableau sur des coulis de pêche, caramel, rillettes et confitures artisanaux, aucun tableau sur des jus de palourde, sauces soja, sauce tamari, jus de pomme frais, conserves de poisson, non-conformité généralisée dans les produits biologiques…
Fait à noter, même les nombreux produits alimentaires fabriqués à l’étranger et vendus ici doivent afficher le tableau de la valeur nutritive canadien. Aucun tableau étranger n’est accepté ni un tableau étranger combiné avec le nôtre. Notre survol à l’épicerie montre que nombre de fabricants étrangers n’ont pas compris ou… n’ont pas eu le message !
L’utilité du tableau
«Puisqu’il est uniformisé, ce tableau permet au consommateur de comparer deux produits semblables et de choisir le meilleur pour sa santé», explique la diététiste Nathalie Jobin, directrice de la nutrition et des affaires scientifiques chez Extenso, un organisme à but non lucratif qui diffuse de l’information fiable sur la nutrition (www.extenso.org).
Que doit comporter ce tableau de la valeur nutritive ? Au minimum 13 nutriments jugés primordiaux pour la santé par une batterie d’experts : calories, matières grasses totales ainsi que gras saturés et trans, cholestérol, sodium (sel), glucides, fibres, sucres, protéines, vitamines A et C, calcium et fer. L’étiquette précise une portion. Pour chaque nutriment, elle indique la quantité en grammes et le pourcentage de la valeur quotidienne recommandée. Outre ces 13 incontournables, elle peut aussi en mentionner d’autres. L’étiquette montre aussi la liste des ingrédients, par ordre d’importance selon leur poids.
En attirant l’attention sur des nutriments à connotation négative (calories, lipides, cholestérol, sucres) et sur des nutriments à connotation positive (fibres, protéines, vitamines, calcium, fer), Santé Canada veut que les gens consomment moins des uns, davantage des autres. Des gras trans, par exemple, on en mange trop. En moyenne 8,5 g par jour alors que l’on aurait intérêt à se limiter à 2 g, comme les Méditerranéens. Le tableau de la valeur nutritive aide par conséquent à faire les bons choix. Il faut se méfier des allégations «léger», «sans cholestérol», «faible en gras trans», etc., qui sont d’abord et avant tout des outils de marketing. «Il faut garder un regard critique, prévient Élyse Dion, diététiste chez Diabète Québec. Quand un fabricant met en évidence une caractéristique de son produit, par exemple sans gras trans, le consommateur doit avoir le réflexe d’aller lire le tableau. On peut penser que le produit est peu ou pas gras alors qu’il est riche en gras saturés et en cholestérol…»
Comment lire
Selon un sondage national réalisé en 2005, 4 Canadiens sur 10 ne trouvent ni facile ni rapide de lire ce fameux tableau nutritionnel. «Pour la plupart des consommateurs, les pourcentages sont plus faciles à utiliser que les quantités en grammes de chaque nutriment», précise Élyse Dion. Si, sur une soupe en conserve, vous lisez : sodium 800 mg ou 30 %, vous savez en un coup d’œil que cette portion de soupe fournit le tiers du sel d’une journée. Si vous ajoutez au même repas une viande froide et un verre de jus de légumes, tous deux riches en sel, vous additionnez les pourcentages et réalisez que vous avez à peu près 100 % du sel d’une journée en un seul repas.
Le tableau de la valeur nutritive ne peut faire le travail à lui seul : il faut l’utiliser conjointement avec la liste des ingrédients. Les diététistes recommandent de choisir les produits qui contiennent le moins d’ingrédients possible. «Un pain, c’est de la farine, de la levure, de l’eau», rappelle la diététiste Hélène Tremblay, présidente de l’Association des diététistes au Québec (ADAQ). Si vous vous apprêtez à en choisir un à 15 ingrédients, pensez-y ! «Règle générale, moins les produits sont transformés, moins ils ont d’ingrédients», précise Nathalie Jobin.
Définir une portion
L’étiquette de la valeur nutritive n’est qu’un outil. «Le tableau doit être accompagné d’une stratégie d’éducation», ajoute Élyse Dion. Plus on sera averti, plus on évitera certains pièges.
Par exemple, la portion. Elle est souvent inférieure à la quantité que l’on mange habituellement. Si vous consommez davantage ou moins que la portion inscrite sur le produit, n’oubliez pas de calculer ! «Quand la portion nous semble petite, c’est peut-être que, dans certains cas, on mange trop», rappelle Nathalie Jobin.
Enfin, pour pouvoir comparer deux produits semblables, il faut des portions équivalentes. Les fabricants de croustilles, par exemple, brouillent les cartes en affichant des portions de 14, 17, 18, 21, 26, 27 et 32 croustilles. Les fabricants de pâtes affichent des portions de 56 g ou de 85 g. Allez comparer, vous, sans calculatrice ! Ce serait pourtant facile d’uniformiser la portion au profit du consommateur. Certains l’ont fait, par exemple les fabricants de jus de fruits, en affichant tous une portion de 1 t (250 ml).
C’est au fabricant, qu’il soit ici ou à l’autre bout du monde, que revient la responsabilité de l’analyse nutritionnelle du produit. Mais tous ne sont pas experts en ce domaine. Le fabricant qui procède par calculs doit par exemple tenir compte de la saison, de la région, des pertes liées à la transformation, ainsi de suite. «Qui fera les inspections, et quand ?, se demande Hélène Tremblay. Se donnera-t-on même la peine de faire des vérifications ?» Questions très pertinentes. Comme consommateur, vous avez toujours le loisir de ne pas acheter d’aliments à l’étiquette incomplète…
// If there is no ad in this article, we must remove the ad box. if ((document.getElementById("embeded_ad_content").innerHTML.length Attention à la boulangerie !
Le Canada et les États-Unis sont champions fabricants et consommateurs de gras trans dans le monde. Chez nous, on en transforme 4 millions de tonnes par année. Or, le tableau de la valeur nutritive n’apparaît presque jamais sur une étiquette de produit de boulangerie quand les pâtisseries ou le pain sont cuits sur place, comme c’est très souvent le cas dans les supermarchés. «Or, c’est dans les produits de boulangerie que se concentrent 34 % des gras trans que nous mangeons», rappelle Hélène Tremblay.
Dans ce cas, difficile d’ouvrir l’œil. Et tout aussi difficile de croire que Santé Canada fait tout en son pouvoir pour réduire la consommation de gras trans… Cette absence de tableau sur les produits de boulangerie reste un impardonnable cadeau aux fabricants de gras trans et une atteinte directe à notre santé.

Guy Sabourin du bel age

Bonne journée,

Marie-Claude


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