Ce que je crois ne pas savoir
Ce que je n’ai pas en mémoire,
C’est le plus souvent
Ce que j’écris dans mes poèmes.
Comme certaines musiques
Le poème fait chanter le silence,
Amène jusqu’à toucher
Un autre silence,
Encore plus silence.
Tu ne feras pas l’éloge.
Louanger, c’est t’écarter,
Te séparer
De ce que tu louanges.
Car on ne louange pas du dedans,
Mais assurément du dehors.
Tu te tairas, parleras
Avec une chose
Ou avec son absence.
Tu la cajoleras,
Te feras cajoler par elle.
Même le nuage
N’a pas pouvoir
De refuser la caresse.
Guillevic, Art poétique, précédé de Paroi et suivi de Le Chant, préface de Serge Gaubert, Poésie/Gallimard, 2001, p. 172, 177 et 183.
Contribution de Tristan Hordé