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Fiona Range - Mary McGarry Morris

Par Woland

Fiona Range - Mary McGarry Morris

Fiona Range Traduction : Michèle Valencia

Mary McGarry Morris construit tous ses romans autour de héros qui, pour une raison physique, mentale ou sociale, ont toujours été marginalisés et rejetés. Elle a exploré les extrêmes de cette situation douloureuse dans "Une Femme Dangereuse", premier de ses romans que j'aie lus et dont je parlerai sans doute un jour. Dans "Mélodie des Temps Ordinaires", elle en donnait une version moins cruelle même si, dans ce roman-là, ce sont une mère et ses trois enfants qui se trouvent abandonnés aux confins de la sacro-sainte Norme en raison de l'acoolisme de leur époux et père.

Fiona Range quant à elle est une enfant qui, dès sa naissance, a été écartée, rejetée, pour ainsi dire gommée par ceux qui ont pourtant feint de s'occuper d'elle. Certes, le lecteur ne s'en rend compte qu'à la fin du livre - même si certains devineront la chute finale probablement un peu plus tôt qu'ils ne le devraient. Mais une chose est sûre : Fiona Range a servi d'alibi au conservatisme, aux normes, à la bien-pensance cultivés par la famille Hollis.

Avec cet instinct sûr mais encore tâtonnant de l'enfance, elle a saisi très jeune que "quelque chose ne collait pas" et sa nature impulsive a choisi la révolte affichée pour survivre au milieu de ses cousins trop sages et sous l'oeil peut-être pas si bienveillant qu'ils le prétendaient de son oncle Charles et de sa tante Arlène.

L'âge venant, la chose a dégénéré : refus des études, emploi de serveuse pris et conservé pour ne pas avoir à accepter l'aide de l'oncle, un magistrat intègre qui lui proposait un poste d'archivage au Palais de Justice, liaison orageuse avec un fils à papa dealer et complètement accro à ce qu'il vendait et, ensuite, une succession vertigineuse d'aventures sans lendemain. Ajoutons à cela que Fiona, plus par rébellion que par goût véritable, a tendance à lever le coude.

A trente ans, Fiona est lasse de cette famille qui n'en est pas une et met tout en oeuvre pour se faire admettre par son père, Patrick Brady, revenu défiguré du Viêt-Nam et qui a toujours refusé de la reconnaître. D'abord hostile, puis simplement réticent, Brady entend bientôt lui donner sa version personnelle de ce qui s'est déroulé avant sa naissance ...

Comme toujours chez McGarry Morris, l'action se circonscrit dans une petite ville où tout le monde connaît tout le monde et où l'on n'arrête pas de cancaner à tort et à travers. Et comme toujours, c'est vrai que j'ai eu du mal à m'arracher de ce livre, même après avoir deviné la fin qui lui serait donnée.

Néanmoins, cette fin justement est peut-être un peu trop concise, un peu trop brutale pour l'ensemble. Après avoir vu Fiona Range douter et souffrir autant, le lecteur aurait souhaité assister plus longuement à son triomphe. Le roman qui porte son nom n'en reste pas moins un bon livre, à lire pour se détendre. ;o)


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