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Critique : "Louise-Michel"

Par Alban Ravassard

Synopsis : Quelque part en Picardie, le patron d'une entreprise de cintres vide son usine dans la nuit pour la délocaliser. Le lendemain, les ouvrières se réunissent et mettent le peu d'argent de leurs indemnités dans un projet commun : faire buter le patron par un professionnel.

Derrière ce titre énigmatique, composé du prénom de leurs deux protagonistes, ce sont deux autres fameux larrons qui reviennent sur les grands écrans avec leur verve acérée et leur ton acide, en la personne de Gustave Kervern et Benoît Délépine, célèbres piliers de Groland. Alors que cache donc Louise-Michel derrière son titre énigmatique et son synopsis quelque peu racoleur ? Réponse : un des meilleurs films de ce début d’année 2009.

Le ton est donné dès les premières images du film au cours d’une séquence décalée, à l’humour noir ravageur : rien ni personne ne sera épargné et l’on se rend vite compte qu’au détour de ce road movie loufoque, pour ne pas dire complètement barré, se profile une critique sociale très sérieuse qui trouve une résonnance d’autant plus forte en ces temps de crise mondiale. A travers l’itinéraire et les portraits de Louise et Michel, deux losers très attachants, sorte de Bonny and Clyde du pauvre, les auteurs tirent la sonnette d’alarme et montre les conséquences dramatiques que peuvent avoir la délocalisation ainsi que les effets d’une précarité qui s’étend.

Le film se déroule dans une ascèse esthétique plutôt louable au vu du ton adopté par le projet. Ici, point d’artifices cinématographiques inutiles, on revient à l’essentiel, c'est-à-dire à des plans majoritairement fixes, ultra-composés, au sein desquels les personnages sont enfermés, condamnés à ne potentiellement évoluer que dans la profondeur du cadre. Et c’est bien plus d’une fois qu’est tiré avantage de l’arrière-plan pour décupler le potentiel narratif des plans. Cette fixité, loin d’être ennuyeuse, est presque salvatrice et renforce bien souvent l’effet comique des scènes.


Mais Louise-Michel, sous couvert de son ton acerbe et doucement irrévérencieux cache aussi une œuvre d’une profonde mélancolie, portée par des comédiens exceptionnels. On retrouve ainsi dans le rôle du couple éponyme, Yolande Moreau et Bouli Lanners, véritable duo burlesque dont le talent n’était déjà plus à prouver. Le tout sans compter sur l’apparition de rôles secondaires prestigieux et non moins savoureux en la personne de Benoît Poelvoorde, Mathieu Kassovitz (également producteur du film) et Albert Dupontel qui, à la faveur d’une séquence post-générique inspirée, nous offre un dernier interlude socialo-comique propre à son univers.

Louise-Michel par sa liberté de ton, les sujets qu’il aborde et le style employé, nous fait penser à plus d’une reprise aux meilleurs films sociaux anglais. Tout simplement excellent.

Note : 4/5


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