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Jeux croisés de Marie Sizun

Par Sylvie

Editions Arléa, 2008
Jeux croisés
C'est le deuxième roman de MarieSizun que je lis après le magnifique La femme de l'Allemand: on y retrouve la même sensibilité et aussi la résurgence du thème des rapports mères/enfants.

Ce récit est le portrait croisé de deux femmes qui d'ailleurs ne se croiseront jamais mais dont les vies vont se mêler à distance suite à un fait divers.
Marthe vient d'être quittée par son mari pour une jeune femme de son cabinet d'avocat. Marthe, la terne, qui s'était mariée sur le tard, comprend par hasard que Pierre, son mari, était en mal d'enfant...Elle qui n'a jamais eu la fibre maternelle (sans doute à cause de ses rapports tendus, sans chaleur avec sa mère), et qui est stérile...
Sous l'effet des neuroleptiques, elle va alors commettre l'irréparable : enlever le bébé d'une autre dans un supermarché...Alice, une jeune mère de 18 ans, rejetée par sa famille, vivant un quotidien difficile avec son enfant.
Alors que Marthe se réfugie avec l'enfant dans la maison de son enfance en Bretagne, Alice est soupçonnée par la police d'avoir fait disparaître son bébé...
Marie Sizun décrit à merveille l'intériorité des personnages en saisissant sur le vif leurs pulsions, leurs hésitations, leurs peurs. Nous vivons tout de l'intérieur par un auteur omniscient qui sait tout de ses personnages. Le récit prend des allures de thriller psychologique autour d'un malheureux fait divers, prétexte pour Marie Sizun à examiner à la loupe les rapports mères/filles. Il y a de très beaux passages aux allures de contes où Marthe et l'enfant apparaissent dans une bulle, hors du monde, au bord de la mer sur la lande bretonne.
Puis peu à peu, une atmosphère noire s'installe, due à l'incertitude du sort de l'enfant et des conséquences sur le sort de la jeune mère, Alice.
Contrairement à dans La femme de l'allemand, MarieSizun choisit une narration plus distanciée : ce n'est pas un personnage qui s'adresse directement à un autre mais deux portraits croisés de l'intériorité de deux femmes dans la tourmente. Marie Sizun excelle dans la description des "vagues" de l'âme.


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