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Je ne suis pas en grève...

Par Georgesf

Je ne suis pas en grève, j’ai simplement beaucoup de travail.

 

Je ne suis pas en grève...


Non, ce serait trop beau, ce blog n’est pas en grève : j’ai simplement beaucoup de travail. Et le billet sur la conférence de Le Clézio à la remise de son Nobel, c’est facile à annoncer, mais ça demande pas mal d’heures de boulot pour peu de résultat.

Je ne suis donc pas en grève. J’ai fait une fois grève dans ma vie, j’en étais même le meneur involontaire. J’avais 20 ans, je travaillais l’été en Angleterre comme cueilleur dans une plantation de houblon, qui avait organisé une sorte de camp international. Nous étions nombreux, venus de différents pays, attirés par une paie correcte, eu égard à la nature du travail - épuisant. On était nourris. Mais mal, de plus en plus mal. Le troisième jour, au réfectoire, j’ai protesté publiquement, en menaçant d’une grève générale. J’avais lancé ça comme ça, sous le coup de la colère, en gueulant, face à l'intendant qui m'avait répondu qu'il n'y avait pas de rab : nous n’avions eu pour nourriture qu’une soupe, du pain, et une sorte de peanuts butter. Même pas assez de pain (ne riez pas, c’est vrai).

Le lendemain, j’ai été convoqué par le whipmaster du camp : une sorte de colonel à la retraite, un casting qu’on aurait refusé dans n’importe quel film, tant il aurait paru exagéré. Grand, sec, les lèvres serrées, remuant d’un bras nerveux une badine imaginaire, il m’a annoncé « You’re sacked ». En bon français « vous êtes viré ».

Je ne savais que faire dans ces situations, je n’avais aucune expérience révolutionnaire. J’ai donc fait mes bagages, penaud, j’ai annoncé ça aux quelques copains de ma chambrée, et, sur place, dans le camp désert, j’ai attendu ma paie qui ne devait être prête que l’après-midi.

L’après-midi, j’ai été appelé à nouveau. Non par le comptable ni par le colonel, mais par son adjoint, un jeune flic très sympa : il m’a expliqué, amusé, que mon licenciement était annulé : tous les ramasseurs de houblon s’étaient mis en grève, sur le lieu de travail.

Et, bonheur suprême, le repas du soir a été correct.

Je n’ai plus jamais fait grève de ma vie : après ça, toute grève m’aurait paru dérisoire.

Tout ça pour dire que je ne suis pas en grève. Le coupable, c’est Le Clézio : son discours est bien trop long, il me donne trop de travail. Je veux dire "de travail supplémentaire", car j'en ai déjà beaucoup.
Tous ensemble, faisons grève contre les conditions de travail inhumaines imposées par Le Clézio. Tous ensembleu, tous ensembleu, wheh, wheh, tous ensembleu, tous ensembleu, wheh, wheh. Je ne sais pas comment écrire wheh, wheh . Ouais, ouais, ça manque d’allure, de tonus. Wheah, Wheah, ça fait trop américain. Comment vous l’écririez-vous ?

Je relis ce billet, je me demande si je ne l'ai pas déjà raconté. En tout cas, c’est n’importe quoi. Attention, pas de commentaires politiques, hein ! Sinon, je me mets en grève.

Je ne suis pas en grève...


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