Dans son malheur, le film aura eu au moins sept lecteurs
C’est parti, « Le film va faire un malheur » est maintenant en place dans les librairies. Celles de la Fnac m’ont fait peur le premier jour, le livre semblait ne pas exister chez elles, j’ai craint quelque vague boycott, mais non, le boycott n’est pas encore à ajouter à la liste de malheurs de ce roman, qui en a connu suffisamment avant sa sortie : les Fnac mettent simplement deux jours de plus à référencer un nouveau livre, car leur approvisionnement passe par une centrale, et je l’ignorais. C'est fou tout ce qu'il faut savoir pour devenir écrivain.
Ces premiers jours de post-partum sont toujours enivrants et terrifiants pour un auteur, je ne m’y habituerai jamais. Toute ombre semble orage, toute lueur semble soleil. On passe de l’allégresse à la dépression. « Le Monde des Livres de jeudi t’a fait une belle critique ! » « Oh, formidable, champagne, vite ! Mais, si le bouquin n’est pas encore en place à la Fnac, à quoi ça sert ? Vite, une dose de clomipramine ! » « Mais non, au contraire, ça aidera à une bonne mise en place quand il arrivera à la Fnac, c’est ensuite que ça ne sert plus à rien » « Ouf, vite, le champagne, il n’a déjà presque plus de bulles. Mais, j’y pense, si ça ne sert plus à rien ensuite, alors l’interview de la semaine prochaine… ? »
Bon, je vais désormais prendre mon clomipramine directement dans le champagne, ce sera plus simple.
Il faut rester serein. Il faut se dire qu’il y a trois profils de carrière pour chaque nouveau livre !
- La carrière feu de paille : après un bon départ, les ventes s’écroulent. Il y a eu un bon accueil des médias, mais les premiers lecteurs sont déçus, le bouche à oreille n’a pas suivi.
- La carrière albatros : le livre démarre très poussivement puis prend doucement son envol. Le soutien des lecteurs remplace celui des médias. Exemple typique : l’Elégance du hérisson.
- Et le
cas le plus fréquent : un début de carrière albatros qui se termine très vite par une fin de carrière feu de paille.
Je ne sais encore quelle carrière va choisir « Le film va faire un malheur ». Bien entendu, vous le devinez, comme tout auteur arrivé, je suis parfaitement serein, indifférent à de si basses considérations. Pff, le livre est écrit, plus rien ne m’importe, allez, allez, qu’il vive sa vie et moi la mienne et… au secours, mon clomipramine, qui a pris mon clomipramine !
Actuellement, ça commence plutôt bien. J’espère avoir assez de champagne. L’article du Monde est aussi stimulant que l’avait été celui de Livre-Hebdo. Et j’ai la semaine prochaine une interview pour un autre quotidien national. Sans oublierle passage à la télé, sur France 3, lundi prochain à 17h20, je le dis tout bas pour ne déranger personne. Il y a aussi les trois premiers billets dans les blogs, ils sont réjouissants, je vous laisse les chercher (si vous ne trouvez pas, vous allez voir rouge). Mais ne rêvons pas, ça ne fait jamais que sept lecteurs.
Et, au fait, combien de temps ça dure un feu de paille ?
Dans le prochain billet, je vous parlerai d’un auteur plus vivable que moi par les temps qui courent. Une femme qui a écrit de
superbes lignes sur la condition de l’écrivain. On en pleurerait.
Avant que le feu de paille ne soit éteint, je publierai discrètement une première revue de presse, si certains sont intéressés,