Rating: 4 out of 5 stars
C’est une évidence. Chaque sortie d’un Kevin Smith est un évènement. C’est comme ça. Comment l’éviter? Hein?
Zack et Miri sont colocataires et accessoirement les deux meilleurs amis du monde, sans le sou. Pour payer leurs factures, ils décident d’organiser un casting auprès de leurs amis pour réaliser avec eux un film porno, totalement amateur.
Je suppose que si je vous avoue que j’ai déjà vu le film sept fois depuis Mercredi, vous allez vous douter que j’ai aimé. Certes.
J’ai aimé. Certes.
Maiiis je ne suis pas dupe, Zack and Miri n’est pas parfait. Il a des défauts. Parlotons un peu sur ce film, donc.
Première chose : la patte de Kevin Smith est là, définitivement, je ne reviendrai pas en arrière. Cul, chatte, couille. Mais en même temps, c’est marrant. Ne lui retirons pas le dernier vestige et la première pierre de son talent. Le premier plan indique déjà où l’on est : un vélo se balli-balade ; une voiture rouli-roule ; le vélo provoque un accident de voiture, des insultes sont proférées et ça réveille Miri sur fond de Rock’n'roll. Yatta, on y est!
Les dialogues sont donc toujours et encore et toujours et encore et pour toujours le grand talent de Kevin Smith, incroyable scénariste. Ce qui m’a fait le plus drôle, je dois le dire, dans ce film, c’est l’absence des apparitions de certains acteurs-amis habituels. Pas de Ben Affleck, pas de Brian O’Halloran (Dante de Clerks) ou pas de Kevin Weisman. Et je dois dire que ça m’a attristé. Attention, attention : ça n’a AUCUNE incidence sur le film, c’est purement personnel. J’aime, j’adore, j’idolâtre l’apparition de ces acteurs dans les Kevin Smith. Sans eux et avec l’actuel casting de Zack and Miri, j’ai eu un peu l’impression de me retrouver avec le casting d’un Judd Apatow. Encore un “attention, attention” à votre attention : je ne parle pas d’une potentielle (et absente) impression de me retrouver devant un film de Judd Apatow. Kevin Smith sera toujours plus… cru ; plus… Smith, quoi.
En même temps, cette sorte de renouvellement de casting fait un peu du bien à la nouvelle production de Smith. Elle nous perd un peu plus. Et puis, c’est dans l’ordre des choses comme je l’expliquais dans ce sujet et surtout sur cette carte des comiques hype aux Etats-Unis.
Je crois qu’il était inévitable que Seth Rogen travaille un jour avec Kevin Smith. Inévitable. Ca se sentait dans ses scénarios : il a toujours été influencé par cet homme et surtout par Clerks, ce qu’il a déjà avoué en Interview avant d’enclancher le projet Zack and Miri. Idem pour Craig Robinson (The Office).
Bon et puis, quand même, il y a Jason Mewes (Jay!) et Jeff Anderson (Randal, de Clerks). Le premier dans le “je bande vite et j’ai une queue énorme” Lester et le second dans le rôle (presque méconnaissable, putain) de Deacon. Oh, et bien-sûr, la traditionnelle apparition de Jennifer Schwalbach Smith, la femme de Kevin.
Donc ça va, l’honneur du casting est sauf. On mélange le vieux sans croupi mais classe et classique au sang neuf terriblement doué. Et ça poutre.
Et puis, surtout, il y a quand même des apparitions, même si elles sont de type sang neuf. Et ce qui est top moumoute, c’est que ce ne sont pas des grands rôles, contrairement à Jeff Anderson et Jason Mewes. J’ai nommé Tyler Labine, alias Bert ‘Sock’ Wysocki dans The Reaper la série à laquelle Kevin Smith a offert un coup de pouce en produisant son pilote et en y étant consultant et… acteur, dans le rôle du Jewish Guy. Hein hein.
Enfin bref.
Pour enchaîner la transition sans transitions… Une des meilleurs séquences? L’apparition de Brandon Routh (Superman) et Justin Long (The Sasquatch Gang) à la réunion des anciens de Zack et de Miri. Bon sang, une séquence dans les règles avec tout ce qu’il faut de bon acteur et de mauvais goût. Brandon Routh joue Bobby Long et Justin Long joue Brandon St. Randy. L’un dans l’autre, cul à cul, on fait dans l’anti-finesse. Une séquence absolument en passe de devenir cultissime, en VO comme en VF (à qui, comme d’hab pour les Smith, on doit de dire merci pour ne rien bousiller). On imagine les fous rires passés à s’envoyer papouilles et horreurs. Miam. Un film à voir juste pour cette séquence. Et c’est purement ce qu’on attend d’un Kevin Smith. Résumer sa brillance en quatre minutes.
Enfin bref, cessons de vous importuner avec mes névroses Smithiennes et rentrons dans le vif du sujet. Ah ah.
Le film que les frères Weinstein, confidents financiers de Smith, auraient accepté de financer sur la seule base du titre est… Super.
A la première vision, je dois dire que j’ai été un peu déconcertée. Kevin Smith a définitivement laissé derrière lui ses films des années 90. Enfin juste assez pour qu’on retrouve sa Touch. Mais quand même, l’image est putain de belle, soignée et incroyable. Elle a beau montrer du nichon siliconé, elle est… bah, elle est belle, quoi.
Heureusement que les dialogues sont là pour rendre le film un peu plus moche^^. Cultes, je vous dis, cultes.
Les névroses du réalisateur sont toutes là, heureusement. La couille et la baise, les serveurs-caissiers, les obsessions raciales des subcultures, les buzz, l’univers fanboy (Star Whores… inutile d’en dire plus) et caetera.
Oh, et soyons honnêtes. Kevin Smith est une grande doudoune fleur bleue : il aime les comédies romantiques. Bah si, ça existe les grandes doudounes fleurs bleues. Zack and Miri make a porno est donc quand même pas mal une comédie romantique. Mais une comédie romantique à cul. Beware spoiler number one!
Comédie romantique, le film l’est : on a une amitié. Une amitié qui monte un projet. Une amitié qui se dispute et ne se parle plus. Une amitié qui se rabiboche et se transforme en amour avoué.
ATTENTION, SPOILER numer two : Zack et Miri doivent coucher ensemble pour le “bien” du film porno qu’ils réalisent. Je vous affirme haut et fort que je suis sûre que dans une comédie R. traditionnelle, Zack et Miri n’auraient pas eu les couilles (ah ah) de le faire, en se disant que ça gâcherait leur belle amitié, et ils auraient finalement couché ensemble dans un véritable lit.
Kevin Smith, lui, va au fond des choses (deubeule AH AH). Zack et Miri couchent devant la caméra. Et ça, ça poutre. C’est ce qui fait d’une comédie Smith une comédie Smith, ‘voyez? Certes, en même temps, peu de comédie romantique aurait choisi l’univers du porno amateur. Certes. Mais certes, aussi, hein. Ce réalisateur connaît tous les codes du genre, les accepte et adopte, et puis, au final, il leur fait quand même un grand FUCK.
The milk man always clums twice^^
En bref, Zack and Miri make a porno, c’est du pur Kevin Smith mais coupé à la comédie romantique. Sauf que c’est pas grave, parce que Kevin Smith, il en a déjà fait plein, des comédies romantiques. Chasing Amy, en plein dans le mille, Mallrats quand même un peu dedans, et Jersey Girl à côté de la plaque mais dedans quand même. La différence, avec Zack et Miri, je crois que c’est vraiment l’évolution de la comédie entre les années 90 et les années 2000 (du Noir et Blanc de Clerks au YouTube-buzz de Zack and Miri ; du New-Jersey au Pittsburgh de Pennsylvanie, attation!). Non, si, je vous jure. Zack et Miri ne sont pas nostalgiques, ils sont en plein dans leur temps. D’abord, je vous l’avoue, j’ai eu peur du ponte Smith qui se tiendrait trop à réaliser du disciple Apatow. Mais non! Mais non! On en est loin! Kevin Smith a écrit et réalisé un Kevin Smith, mais un Kevin Smith qui n’essaie pas de se copier.
Je suis ultra contente du casting, au final, et même si Elyzabeth Banks a remplacé Rosario Dawson, on peut dire que la culotte du moyen-âge blonde a le feeling et elle s’en sort à merveille.
Certains pensent que le réalisateur aurait dû oser aller plus loin. Mais je crois que ses dialogues pertinents et profondément vulgos nous y mettent les deux pieds dedans (tripeul AH AH AH). Et je crois que les abrutis de canadiens qui ont déjà écrit leurs critiques (Canoë, je ne vend pas la mèche) n’auront rien compris à l’art de Kevin Smith fleure-bleue-chatte-cul. Désolée, les gars, hein.
Bien, on le sait, la réalisation n’est pas le fort de Kevin Smith qui ne sera jamais plus grand que lorsqu’il parle et lorsqu’il écrit, lorsqu’il fait débitter des dialogues aussitôt cultes dès qu’ils sont prononcés. Sans ça, on le sait, on le sait, sa réalisation serait… invisible. Mais cela dit, les dialogues sont là, alors la réalisation, pour un fan de Kevin Smith, elle passe au second plan, et on l’assume.
En bref, vous ne me ferez jamais dire qu’un Kevin Smith est mauvais, rien que pour ça. Zack et Miri remplissent leurs fonctions et on en est content. Sortie le 22 avril en France.
kevin smith