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Le père de la petite, Marie Sizun

Publié le 25 janvier 2009 par Antigone

lep_redelapetite"Ton père va rentrer. Ces mots-là. Vivants désormais. Comme une menace."

France est une fillette de quatre ans qui vit seule, dans un appartement parisien, avec sa mère, Li. Au dehors, il y a l'occupation, la guerre. Nous sommes en 1944. Leur douce complicité suffit amplement à "la petite", qui n'a qu'un intérêt mesuré pour cet homme que l'on nomme dans les conversations son "petit papa" et dont la photographie souriante trône sur le buffet. Elle ne le connaît pas, elle ne l'a jamais vu. Ainsi, lorsque ce père, prisonnier de guerre libéré, revient vivre auprès d'elles, tentant d'imposer son autorité, tout est chamboulé...

Je découvre avec ce court roman, qui se déguste d'un trait, l'écriture de Marie Sizun. Et je dois dire que j'ai été séduite.
Le père de la petite est le récit qu'une petite fille devenue grande mène pas à pas. Elle raconte son histoire, ce moment de son enfance, que l'on soupçonne douloureux. L'utilisation de la troisième personne permet à la narratrice de garder les émotions au creux du roman, de les tenir à distance, et cela rend d'autant plus poignant les lignes d'écritures. Il y a du drame familial, des secrets, des conversations derrière les portes, des disputes dont l'enfant, cachée sous la table du salon, tentera de faire un puzzle bancal.
Ce petit livre met le doigt sur ces secrets de famille qui détruisent, sur la place du père, sur ce moment particulier de notre Histoire qu'est la l'occupation et la libération de Paris, et sur le monde enfantin peuplé de rêves et d'incompréhensions. Une bulle d'émotion, à l'écriture fine et sobre !

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Un extrait...
"Tout est différent à présent, la petite le voit bien. Maintenant, c'est lui qui commande. Le père. Une autre vie commence, avec de nouvelles règles du jeu.
Ainsi, il y a des choses très simples qu'il est interdit désormais de faire. Par exemple écrire sur les murs, ou dans les livres. Ou chanter. La première fois que, sans y penser, la petite a entonné un de ses chants guerriers d'autrefois, le père a surgi, criant qu'elle lui cassait la tête, lui intimant l'ordre de se taire. La mère, effrayée, est intervenue à son tour, a pris la petite à part, parlant à mi-voix des migraines du père, de sa maladie, expliquant, priant, avec un drôle de visage. La petite, maintenant, se tait. Elle est étonnée, mais elle se tait.
Elle ne comprend pas ce qui se passe. Ne saisit pas ce qu'on veut qu'elle fasse. Ce que veut son père. Elle comprend seulement qu'elle n'est pas comme il faudrait qu'elle soit. Qu'elle dérange. Qu'elle déplaît. Oui, qu'elle déplaît. Et c'est bien la chose la plus difficile à admettre pour celle que sa mère appelait "sa bien aimée"."

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Note de lecture : 4/5

Arléa - Mai 2208 - 8€

Cette lecture est un

livrevoyageur
en provenance de chez Liliba, un grand merci à elle !!

La lecture d'arlette


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