Présentation de l’éditeur :
Suite de la réédition en "Libretto" (pour la première fois en traduction soigneusement revue et complétée) des principaux ouvrages de Jack London. "John Barleycorn" (littéralement "John Graindorge"), c’est, pour l’Américain de la rue, la personnification familière de l’alcool - c’est-à-dire du whisky. Le mauvais génie des compagnons de comptoir, le Dionysos du pauvre. Publié en 1912, soit quatre ans avant la mort de London, c’est son dernier grand livre, qui eut à l’époque un retentissement énorme. Il y raconte sa vie - toute sa vie - mais vue à travers la lentille déformante de la bouteille : son autobiographie d’alcoolique, en quelque sorte. Un récit lucide et terrible.
Jack London nous raconte son alcoolisme latent depuis son enfance (5 ans) jusqu’à peu avant sa mort. Un « alcoolisme » qui avait d’abord une fonction « socialisante » ; elle lui permettait de s’intégrer parmi les hommes, avant de devenir une partie intégrante de lui-même. London n’hésite pas à se mettre à nu, dissèque et analyse son attachement à la bouteille dans cette succession d’anecdotes que compose ce livre. Il se fait intimiste, se montre tel qu’il est, une personne bourrée de défauts mais si attachante. En bref, une vision de l’écrivain très loin de l’aventurier-voyageur.
« L’amour, le socialisme, le Peuple – saines illusions de l’esprit humain – furent les instruments de ma guérison, de mon salut. » p.192
« Pendant des années j’avais vécu en trop grande intimité avec John Barleycorn [John Grain d’orge, personnification de l’alcool]. Grâce à cette longue pratique, un gaucher arrive à se servir de sa main droite. Etais-je parvenu, à mon tour, à forcer ma nature pour devenir à la longue un alcoolique ? » p.207
«[…] Pourtant je buvais intelligemment. Je veillais à ce que les liquides fussent de la meilleure qualité. Je recherchais le stimulant et l’oubli, en évitant soigneusement les désavantages que n’auraient pas manqué de m’imposer les alcools bon marché et l’ivresse crapuleuse. En passant, il convient de remarquer que dès l’instant où un homme apporte toute cette méthode et cette discrétion dans son habitude de boire, c’est qu’il est gravement atteint et profondément engagé dans la voie fatale. » p.209
Editions Phébus / Phébus libretto - 250 pages
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