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Pilot : Mad men

Publié le 27 janvier 2009 par Tao
mad menVoici donc la série du moment, Mad men. Coincée entre Shark et le journal du 12 minutes sur la Deux en Belgique, la série risque fort de passer inaperçue le vendredi soir face au duos des New York sur RTL. Mais qu’importe, Mad men c’est la grande classe. Une pluie de récompense, des articles élogieux dans toute la presse. Mais pourquoi cette série est si adulée depuis sa création ? Percer le secret du succès de Mad men était mon premier objectif en regardant cet épisode pilot où l’on fume beaucoup, où l’on parle beaucoup et où il ne se passe pas grand chose.

Bienvenue à New York, bienvenue dans les années 60, bienvenue chez Sterling Cooper une agence de pub réputée où Don Draper est l’un des publicitaires les plus en vue mais aussi dans la ligne de mire des jeunes loups comme ils les appellent, prêts à venir le dévorer au moindre faux pas pour prendre sa place dans son très joli bureau. Draper, c’est lui le héros de la série mais manifestement un héros trouble, à multiples facettes. A la fois cynique, sûr de lui, prévenant et séducteur mais aussi ouvert d’esprit qui n’hésite pas à parler au serveur noir du bar qu’il fréquente. Et quand on croit plus ou moins l’avoir cerné en fin d’épisode, on lui découvre une femme et deux enfants. On peut donc ajouter le mot mari volage à sa liste.

Autour de lui, on découvre une belle galerie de personnages et quelques têtes connues comme John Slattery (Victor dans Desperate housewives) en patron de l’agence, c’est lui le Sterling de Sterling Cooper ou encore Maggie Siff (Tara dans Sons of anarchy) en cliente juive de l’agence, malmenée par Don. Mis à part Draper, plusieurs personnages se détachent comme Peggy la petite nouvelle un peu gauche mais surtout Pete, jeune cadre dynamique dont l’ambition transpire de chaque pore de sa peau, à la fois rival et disciple de Don au point qu’il suit le même chemin que lui en trompant sa femme avec la nouvelle secrétaire avant même de passer la bague au doigt de sa promise.

Mais le cœur de ce premier épisode, mis à part l’introduction des personnages, c’est les cigarettes. Celles ci sont partout, quasiment à chaque scène un personnage en allume une et cela contraste fortement avec les autres séries davantage grand public où l’on évite soigneusement de voir les gens fumer sauf quand ils sont déprimés. Autre temps, autres mœurs et c’est cela que veut nous montrer Mad men. Tout le monde fume dans les années 60 et on rit de ses stupides médecins disant que le tabac est mortel et peut provoquer le cancer. Le décalage avec notre époque fait sourire mais également réfléchir. Ne rit on pas aujourd’hui des personnes maudisant les OGM, les poulets aux hormones ou les ondes des téléphones portables ? On en reparlera dans 40 ans, si je suis toujours là. Malheureusement pour les publicitaires, on ne peut plus affirmer que le tabac est bon pour la santé, une opportunité saisie la balle au bond par Draper. Ainsi les fabriquants de cigarettes produisent tous un produit somme toute identique et donc les publicitaires peuvent ainsi inventer n’importe quoi pour pousser à la consommation. Don aura ainsi cette phrase cynique, “Les Lucky strike, on les grille. Et les autres marques ? Et bien, elles sont cancérigènes”.

La condition de la femme semble également l’un des grands thèmes de la série à travers différents portraits de femme à l’aube de libération féminine. Pour l’heure, on s’intéresse aux deux secrétaires de Draper. Peggy la petite nouvelle se rend chez son gynéco pour avoir la pilule, emblème par excellence d’une nouvelle indépendance au féminin. Le médecin est assez ouvert pour la lui prescrire mais ne se gène pas pour lui faire la morale et lui déconseille de devenir une Marie couche toi là pour autant. Il la menace d’ailleurs clairement de lui couper la pilule si elle se conduit comme une trainée, à l’image de Joan l’autre secrétaire devenue son amie.

Sans être incroyablement addictive, Mad men est une série d’ambiance assez fascinante, limite hypnotique. La réconstition des golden sixties à travers les décors est tout simplement sublime, même si on aurait pu encore plus pousser le réalisme en tournant la série comme un film des années 60. Mais cela aurait sans doute rendu la série moins classieuse. Car là, le luxe se sent à chaque plan tellement tout y est soigné. De façon générale, Mad men c’est beau, c’est bien écrit, bien joué et comble du luxe, ce n’est regardé par personne. Conclusion, ça ne peut être que bien. Et s’il ne se passe pas grand chose, les portraits des personnages suffisent à nous maintenir devant l’écran tellement chacun semble travaillé à l’extrème. Bref une série parfaite pour snob qui se la pète et faire branché dans les dîners mondains. Désormais quand on raillera les séries télés autour de vous, on pourra sortir une allusion à Mad men et vous extasier devant la réconstitution d’époque du papier peint du bureau de Don Draper.

Conclusion après cet épisode pilot ? Mad men est définitivement une série à explorer. On se situe dans un autre style que 24 ou Lost et Mad men ne cherche pas à rivaliser avec ses séries là. On est davantage dans une série d’auteur, limite indépendante vu la chaîne diffuseur AMC aux USA. Et c’est en cela que la série est intéressante car elle utilise le format série pour dévelloper un tout autre type d’histoire, à un tout autre rythme. On est donc visiblement en face d’un drama haut de gamme comme pouvait l’être Six feet under en son temps. Le risque sera évidemment de tomber dans le soap mais je compte sur la série pour éviter ce genre d’éccueils et davantage se placer du côté de l’étude des personnages, proche de la sociologie.

Comme Over there traité il y a quelques semaines sur le blog, je continuerai de suivre Mad men mais je n’ai pas encore pris de décision concernant les reviews hebdomadaires. Je verrai cela d’ici une ou deux semaines. Mais avec au moins trois saisons et une réputation solide, Mad men pourrait être l’une des nouvelles résidentes de Critik en séries. Qu’en dîtes vous ?

Et pour s’imprégnier de l’ambiance de la série, la vidéo du générique et la bande annonce du season premiere :



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