Trajet : De Belorado à San Juan de Ortega
La preuve que tout est relatif : alors qu’hier et aujourd’hui je devais marcher le même nombre de kilomètres, la marche d’hier m’a semblé beaucoup plus longue que celle d’aujourd’hui. Les villages, la dénivellation changeante – plus particulièrement la montée d’une haute montagne -, les paysages divers et le froid m’ont aidés à marcher le chemin sans trop m’ennuyer. J’ai atteint San Juan de Ortega à midi, à ma grande surprise, car le village n’est visible qu’à la dernière minute en sortant de la forêt. Cette forêt qui d’ailleurs a rendu la deuxième moitié du chemin fort longue, de part son environnement monotone n’apportant rien de nouveau.
San Juan de Ortega n’est qu’un petit village, un amas de maisons entourant un monastère dans lequel on retrouve l’auberge de pèlerins. Bien que ce bâtiment religieux soit sublime, San Juan et son refuge n’apporte pas grand-chose. Dans la ville, pas d’épicerie, pas de restaurant, pas de pharmacie, uniquement 4 ou 5 maisons, le monastère, un bar et le refuge. Dans le refuge, pas de salle de lavage – il faut laver son linge dans la fontaine du village -, pas d’eau chaude pour la douche – la galère, car l’eau n’est pas juste froide, elle est gelée – et n’offrant aucun repas pour combler l’absence de restaurant ou d’alimentacion. Résultat : je mange un sandwich et des biscuits achetés au bar pour souper, et demain matin je mangerai la banane et les arachides que je me suis forcé à ne pas manger ce midi, car normalement ces deux choses faisaient parti de mon dîner. J’espère que demain il y aura une épicerie ouverte à Atapuerca, un village sur ma route, sinon j’aurai du mal à dîner.
Heureusement, j’ai rencontré ici l’ « ami » américain de Méli, James, et j’ai retrouvé un Canadien de Yellowknife, ex-québécois, a qui nous avions parlé il y a quelques étapes. J’ai également fait la rencontre d’un nouveau français, qui trouvait cela très impressionnant que nous faisions le chemin à notre âge. Je ne suis donc pas réellement seul. D’ailleurs la solitude n’est pas si lourde que je l’aurais pensé, malgré le fait qu’après avoir jouer aux cartes, vaquer à mes tâches quotidiennes et lu – car j’ai trouvé un livre français, Liberty, dans un meuble de chevet au refuge -, je ne sais plus trop quoi faire. Il reste que j’ai hâte de retrouver Méli demain à Burgos, ma dernière destination sur le chemin, et d’avoir accompli mon défi déjà presque terminé.
Il est 6h45, je vais me coucher à 8h00. D’ici là, je vais probablement lire, même si je sais que je ne vais jamais finir le livre, puisqu’il est trop gros pour que je l’amène avec moi. Mais avant de serrer ma plume, je veux écrire que je suis fier et fort heureux d’avoir décidé de continuer et de finir le chemin, mon chemin, seul.
Et non, je n’avais pas terminé d’écrire, je veux rajouter quelque chose avant de me coucher, car de nouveaux évènements se sont produits. Après la messe, le refuge a servi, dans la salle commune, une soupe à l’ail à tous les pèlerins. C’était magique comme moment, car tous les pèlerins se sont réunis autour d’une longue table. L’hôte nous a fait un discours en espagnol - sur les raisons amenant à faire le chemin – ce qui a donner lieu à quelques rires entre les français, dont moi, car nous ne comprenions rien du tout. Puis, après les applaudissements, nous sommes allez chercher une deuxième part de soupe. Je n’oublierai jamais ce moment qui, à mon avant-dernière étape, m’aura rempli de joie. J’ai hâte à demain.
Avec du recul
Cette journée fut fabuleuse, je me souviens très bien à quel point je me sentais bien, assis à l’extérieur en train d’écrire dans mon cahier. Ce fut l’une des plus belles journées.
En photos
Dans l'ordre de présentation :
(1) Sur le chemin.
(2) Une partie du monastère, là où se trouve le refuge.
(3) Après la soupe à l'ail, certains restent pour discuter.
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