Pour en finir avec Naples, âmes du Purgatoire et autres curiosités
Publié le 28 janvier 2009 par Marc Lenot
L’église des Âmes du Purgatoire est emblématique de l’art de la Contre-Réforme, mais on s’intéresse surtout à son hypogée, rarement visitable : le culte populaire des âmes qui s’y célébrait depuis toujours a été récemment interdit par l’Eglise. Les salles souterraines débordent d’ossements et les dévotes de l’endroit adoptaient un crâne en particulier et venaient lui faire la conversation et prier pour son salut en le caressant et l’oignant de parfum, le tout entre deux courses dans le quartier. Même s’ils ne sont plus l’objet de tant de soins, les crânes sont encore ornés de dentelles et de bijoux de pacotille. A droite, cet autel à une certaine Lucia (une enseigne au néon à son nom atteste de sa modernité) serait dédié à la fille d’un camorriste dont le fiancé fut tué la veille des noces et qui se laissa dépérir.
Pas très loin de là, une niche dans le mur d’une maison et ces figurines miniatures de damnés levant les bras vers le ciel.
Au mur d’une maison, cette grappe de doigts en plastique, auriculaire et index pointés, geste éternel pour conjurer le mauvais sort : l’accumulation accroit-elle l’efficacité ?
D’autres fragments, têtes, bras et jambes empilés dans un corps sans tête et sans membres; le corps voisin, plus sensuel, a hérité d’une tête penchée bien mélancolique. Objet surréaliste ou conjuration du sort ? On est Placette de l’Amour Divin.
Au Palais Royal, dans les appartements du Roi des Deux Siciles, cette étrange roue est un mécanisme permettant de lire huit livres quasi simultanément : on en place un sur chaque plateau et on tourne la manivelle. J’en rêve, ce serait si pratique sur mon bureau.
Enfin, ce petit dessin du 20 avril 1917 de Picasso (visible
là, dans un recoin) : il a rejoint Olga à
Rome où les Ballets Russes sont en tournée. A Naples, le couple (en formation) loue une calèche et monte au Vomero; Picasso fait sa cour. C’est pendant ce court séjour que Picasso déclara que ‘le but de l’artiste est de s’efforcer de chercher la cachette de Dieu’.
Voici, pour clore cette longue visite de Naples, et sans virer au guide touristique, quelques impressions fugaces de cette ville fascinante.