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Fake : Le joueur d'échec

Par Hortensia

Je me souviens de lui un peu, il avait ce sourire de clown figé, telle une statuette de jeux d’échec qui avance droit, menée pas le doigt de la vie, se sacrifiant le plus souvent sur l’autel de sa reine Muse.

Évidemment, à l’instant où nous nous sommes rencontrés, les mots ne comptèrent plus. Mon physique avait pris le pas sur ma personnalité, ma singularité. Je n’ai donc aucun doute sur le fait que mon personnage se révèlera aussi insipide que l’écho qu’il veut faire retentir dans ce livre.

Le livre qu’il a écrit parle de solitudes. L’étais-je, solitaire ? Je voulais qu’il publie ces notes, ces cartes postales qu’il écrivait à son ancienne dulcinée, sur Paris et que jamais il n’envoyait, ou si ? Je ne sais plus. En tout cas, en plus de se dévoiler tel qu’il était, il me montra tous ses livres, il me lu beaucoup de notes…. Mon physique avait-il vraiment pris le pas sur ma personnalité, sur nos personnalités ?

Je me souviens de cet endroit et de de ce vin sordide à 3 euros, rue des Canettes; de l’autre, son compagnon d’échec informaticien, aussi brillant que gentil et affable. Nous discourûmes pas mal sur la littérature juive. Mais lui, ses dadas d’échec, c’étaient Crevel, Modiano, Quignard (que je ne lui ai toujours pas rendu d’ailleurs).

Ils jouaient aux échecs, à la rapidos. En 10 min, la partie était pliée. L’atmosphère, elle, restait enfumée, des heures entières, alors que les verres, inlassablement , se remplissaient aussi vite qu’ils se vidaient. Dans la vie, il s’est amusé à jouer l’échec. L’échec de la vie matérielle, de la vie sentimentale. Il a perdu plusieurs parties en même temps, en l’espace d’une seconde, cet instant où il décidât de se perdre dans les paroles et les foutres, pour peut-être mieux se retrouver dans les mots, sa seule maison, celle de l’édition.

La dernière fois que je le vis, il était avec une fille. Moi, j’étais enchantée de le revoir. L’homme à  mes côtés, lui, était dubitatif…

Le livre est sorti. S’il le peut alors moi aussi, peut-être ? Peut-être un jour, je m’y mettrai aussi, à l’écriture ? Je remarque que la fibre d’écriture vient souvent en traduisant. Après tout, moi aussi je traduis l’allemand, alors… Alors ? Alors, il faut du travail. Et oui ! Même 138 pages, ça se travaille.

Regarde là bas,
Ce sont les cheminées du désespoir
Elles sont si nombreuses !

Tu avais le dos tourné
La page est tournée désormais

Retourne toi
le soleil est derrière moi…

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Giulio Minghini : Fake


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