Magazine Culture

Interzone

Par Lazare
A propos du Festin Nu de William Burroughs (Gallimard).
Se souvenir <27-ix-07>>>>>> L'Imaginaire de Gallimard fêtait ses trente ans quelques mois avant que je ne quitte en douce Dame Pacholle & sa stupidité inhérente de fausse intellectuelle raciste & de gauche. L'occasion pour la fine équipe de revenir sur l'un des textes les plus déconcertant de cette collection devenue mythique au fil des chef d'oeuvres: Le Festin Nu de William Burroughs. Retour tardif &, en fait pour être honnête (je le serais toujours!), répétitif puisque ce papier était déjà paru sur une ancienne interface.
Bien malin celui qui pourrait résumer l'histoire de ce livre (j'en connais quand même un ou deux) paru pour la première fois à Paris en 1959 sous la seule impulsion d'un Ginsberg dévoué corps & âme (voire plus) à l'oeuvre de son ami. Bien malin aussi celui qui, parmi ces explosions paragraphiques & monomaniaques, pourrait filtrer l'essence d'un texte hors normes & auquel pourtant il faut accorder toute l'importance requise tant la déflagration qu'il causa dans le monde littéraire de l'époque fut violente. Aujourd'hui encore... Écrit à partir d'incroyables tas de notes prises en 1954 & élaguées, mises au propre par Kerouac & Ginsberg alors que Burroughs, atteignant l'ultime degré d'une intoxication aiguë, reluquait le cul des gamins de Tanger, Le Festin Nu est presque, mais pas encore tout à fait, un reportage ethnographique, un relevé topographique, un pensum psychologique tout à la fois sur un monde sauvage & exclusif saupoudré de venin. Parfois compliqué, déroutant parce que a priori destructuré le livre « expulse ses pages dans toutes les directions » servi par une écriture au style dur, décharné, violent & sec. C'est une expérience sans commune mesure comme pourrait l'être le premier fix, la première seringue d'héroïne plantée dans un bras encore souple où coule un sang déjà fade. Une expérience d'autant plus terrifiante qu'elle paraît lucide - l'est parfois en tout cas. Le travail de destruction auquel s'adonne Burroughs renvoie à un refus non négociable de l'intoxication. Celle de la drogue évidement mais aussi & surtout celle des mots.. Petit fils de publicitaire, ancien publicitaire lui-même, Burroughs n'a cessé de s'intéresser à la manière dont le langage pouvait nous manipuler. Chaque phrases s'agglomèrent les unes aux autres, lâchées comme une meute de chiens sur les chairs grises du bon ordre textuel. Ça laisse des traces & il faut se battre avec les mots, ne pas se laisser submerger par son intense sauvagerie pour y déceler une réelle beauté car on ne le dira jamais assez: Le Festin Nu est un classique parmi les classiques. Jamais écriture n'avait alors fait si mal & jamais on y avait pris tant de plaisir.
Burroughs tua sa femme dans une parodie tragique & pitoyable de Guillaume Tell - c'était au Mexique en 1953. Cet acte arbitraire & définitif est aussi à l'image d'une oeuvre sans concession qu'il faut absolument (re)découvrir. L'anniversaire de l'Imaginaire tombait donc à ping pang poum point nommé, d'autant plus que pour l'occasion Gallimard offrait avec le livre le dvd du film de Cronenberg. Intelligemment tourné, le film raconte l'écriture du livre & la vie abyssale de Burroughs dans l'Interzone.

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Lazare 17 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossier Paperblog

Magazines