Respecter la nature

Le respect de la nature a-t-il un sens ? On respecte ce qui est bon, digne, ce qui a de la valeur. Un comportement loyal, une pensée noble, tout ce qui s’oppose à la facilité, au laisser-aller, à la paresse naturelle ou aux tendances spontanées. Le respect va à ce qu’il n’est pas naturel de faire. Comment la nature pourrait-elle être son objet ?

Faut-il pourtant qu’elle ressemble à l’homme pour qu’il ait des obligations envers elle, ou le constat de leurs différences est-il un fondement suffisant ? Il est fréquent d’accuser l’orgueilleux statut de supériorité que se donnent les hommes pour expliquer leur manque d’égards à l’endroit de la nature comme sphère de non-humanité. C’est parce qu’elle n’a rien d’humain qu’ils l’exploitent à bon droit et en font n’importe quoi. Faut-il donc diminuer l’écart entre le naturel et l’humain pour imposer le respect de l’un vis-à-vis de l’autre ?

On peut distinguer quatre manières d’être dans le monde : la matière et ses composés (eau, glacier), les vivants non humains (végétaux, animaux), les produits de l’homme (table, chaise) et l’homme lui-même. Et on appelle nature, par opposition à ce qui est fait par l’homme ou à l’homme, soit la matière et le vivant, soit les vivants seulement. Le premier ensemble est synonyme d’environnement et comprend aussi ce qui n’est pas vivant : les roches, les glaciers, l’eau, le bois.

L’arbre et le lézard sont des organismes vivants. Ce sont des merveilles de la nature possédant une forme interne propre ainsi qu’une solidarité de parties aussi exemplaires que celles que les hommes imposent à leurs objets d’usage. En ce sens, ils sont admirables et, dans le cas des animaux, doués de sensibilité. Mais pourquoi respecter l’environnement ? Ne faut-il pas simplement le préserver parce qu’il est le milieu de la vie humaine ?