Il y a neuf ans, à l'occasion de la sortie des Acteurs, Bertrand Blier confiait qu'il avait un temps songé à tourner également Les actrices avant d'abandonner cette idée au motif que le public n'aurait pas supporté qu'on se moque d'elles, de Vanessa Paradis à Jeanne Moreau. Mais rien ne fait peur à Maïwenn Le Besco, visiblement adepte des projets casse-gueule après un Pardonnez-moi aussi nombriliste que culotté. Récit du tournage d'un doc consacré à ces femmes hors du commun (ou en tout cas persuadées de l'être), Le bal des actrices est un portrait de groupe aussi impitoyable que délicieux, orchestré par une actrice-réalisatrice n'ayant pas froid aux yeux.
Contrairement à un Pardonnez-moi allant si loin dans le malaise et l'auto-analyse qu'il finissait par imploser sous le poids de sa propre complaisance, Le bal des actrices surprend et séduit par sa mesure. Car même lorsqu'il fait dans la caricature volontaire, le film ne pèche jamais par excès, cette radiographie du métier d'actrice se voulant plus vacharde qu'assassine. Du début à la fin, on prend un véritable plaisir à voir ces femmes jouer avec leur image, qu'elles soient dans un rôle de composition (Mélanie Doutey, Romane Bohringer) ou dans une copie possiblement conforme de ce qu'elles vivent en réalité (Muriel Robin ou Estelle Lefébure en prennent plein la tronche). Extrêmement drôle, le film n'entend pas débiter dix vérités à la seconde mais en dit finalement plus que bien des documentaires.
Pour autant, Le bal des actrices n'est pas exempt d'un certain nombrilisme, certes plus léger que précédemment. À travers ces actrices, c'est elle-même que Maïwenn filme et raconte, dans une auto-fiction d'autant plus appréciable qu'elle inclut sa propre critique. La jeune femme ne s'épargne absolument pas, démontant son propre travail ainsi que la façon dont elle néglige sa famille. Témoin de tout cela, son mari dans le film, excellemment interprété par un Joey Starr hilarant, offre son regard au spectateur, tour à tour agacé et séduit par cette artiste entière, talentueuse et aussi tendre que féroce.
8/10
(également publié sur Écran Large)
(autre critique sur Sur la route du cinéma)