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Los bastardos

Par Rob Gordon
Los bastardosRepéré à Cannes en 2005 pour un Sangre établissant un lien étrange entre Droopy et Carlos Reygadas, Amat Escalante nous revient avec un film toujours produit par Reygadas mais qui peut plutôt faire penser à du Haneke. Au premier abord, en tout cas : car là où le cinéaste autrichien a tendance à déployer un vrai arsenal technique qu'il met au service d'une morale pouvant parfois sembler lourde, Escalante fait quasiment l'inverse. Si la mise en scène est parfois contemplative, Los bastardos évite malgré son sujet la facilité d'une mise en scène clinique et cynique. C'est filmé assez simplement, toujours intelligemment, et sans perte de temps, à l'image d'un scénario sans détour.
Le film suit une bande de travailleurs immigrés venus du Mexique, qui vivotent à Los Angeles en multipliant les petits boulots au noir. Jusqu'à ce que deux d'entre eux trouvent un job un peu plus lucratif, mais moins recommandable puisqu'ils devront se servir d'un fusil. Impossible d'en dire plus, le script étant si ténu qu'il faut préserver la suite des évènements. Ce qui est sûr, c'est qu'Escalante se positionne bien loin de Haneke, puisqu'il ne se met au service d'aucune réflexion. La seule morale de cette courte histoire, c'est que certaines histoires n'ont pas de morale, comme en témoigne un dénouement abrupt et culotté.
Si Los bastardos n'est pas à mettre entre toutes les mains, c'est uniquement à cause d'une poignée de plans, dans lesquels la violence jaillit sans prévenir. Étonnamment, et à ces quelques images près, c'est même un film pas trop inconfortable, qui ne se présente jamais comme une séance de torture façon Funny games. Seul élément perturbant : dès le générique, bruyant et écarlate, on sait parfaitement que la violence arrivera tôt ou tard, mais on ignore quand. Escalante se sert de ce doute pour faire monter une sorte de suspense assez insoutenable, montrant par la même occasion que la vie de ces bastardos est tôt ou tard vouée à l'échec. C'est la seule conclusion à tirer d'un film presque trop anecdotique mais plein d'idées intéressantes, comme celle de faire des victimes potentielles des personnes plus perturbées que leurs possibles assaillants.
6/10

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